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I. — Traduction du français dont
Le français dont et l'espagnol cuyo ne se correspondent que dans
certains cas qu'il convient de connaître. C'est là — avec la distinction de
ser et estar — un des points les plus délicats de la grammaire
espagnole, tout au moins pour les Français, car les Anglais ont avec le mot
whose un correspondant exact de cuyo. Il nous faudra donc faire un
petit effort de réflexion, et prendre l'habitude, chaque fois que nous
trouverons un dont de nous demander quels sont les mots qui sont reliés
entre eux par ce relatif. L'un de ces mots, celui qui précède, qu'on appelle
l'antécédent, est toujours un nom ou un pronom, aussi bien en espagnol qu'en
français, et par conséquent facile à reconnaître. C'est donc au second terme,
que nous devons nous attacher, c'est-à-dire à celui qui est placé après dont et
que celui-ci rattache à l'antécédent, car c'est de celui-là que dépend le choix
du mot espagnol par lequel il faudra rendre notre dont
a) Dont doit être rendu comme s'il y avait : de qui, (de quien)
duquel (del que), de laquelle (de la que), desquels (de los que),
etc. (cf. relatif leç. 49, III), lorsque dont met en rapport avec
l'antécédent :
1° Un adjectif ou participe :
C'est un honneur dont je suis indigne (= je suis indigne de cet honneur).
Le vin dont la bouteille était pleine (= la bouteille était pleine de vin).
Cet ami dont vous êtes séparé depuis... (= vous êtes séparé de cet ami
depuis...).
Es un honor del que soy indigno...
El vino del que la botella estaba llena...
Ese amigo de quien está usted separado desde...
2° Un verbe :
Le monsieur dont je vous ai parlé (= je vous ai parlé du monsieur).
C'est un homme dont je me méfie.
El caballero de quien le hablé...
Es un hombre de quien desconfío.
3° Un nom indéterminé (non précédé de l'article le, la, les) :
Ce génie dont je suis un admirateur enthousiaste...
Il prit une chaise dont un pied était cassé (un pied de la chaise était cassé).
Aquel genio de quien soy un admirador entusiasta...
Tomó una silla de la que un pie estaba roto.
b) Cuyo, -a, -os, -as correspond exactement à dont le, dont la, dont
les; il est en même temps relatif et déterminatif. Pour qu'il y ait lieu de
remployer, il faut que le mot qu'il relie à l'antécédent soit un nom précédé de
l'article le, la, les. Le rapport qu'il établit entre ce nom et
l'antécédent est de même nature que celui exprimé par les possessifs.
Remarquez l'analogie de forme entre cuyo et suyo.
Dans la construction espagnole il faut placer immédiatement après cuyo et
sans article, le nom qui est relié à l'antécédent, et faire accorder cuyo
avec ce nom, comme un véritable possessif.
Cet auteur dont vous admirez les œuvres (= dont les œuvres vous admirez).
Un pommier dont les branches pliaient sous les fruits.
Le clocher dont vous apercevez la cime...
Ese autor cuyas obras admira Vd.
Un manzano cuyas ramas se doblaban bajo la fruta.
Un campanario cuya cima divisa Vd...
L'espagnol permet l'emploi d'une préposition devant cuyo.
Dans ce cas le français est obligé de remplacer dont par duquel, de
laquelle, etc.
Un árbol en cuyas ramas y a no queda una hoja...
Un jefe a cuyas órdenes te has de conformar...
Una barranca por cuyo fondo corre un torrente...
Un arbre sur les branches duquel il ne reste plus une feuille...
Un chef aux ordres duquel tu dois te conformer...
Un ravin dans le fond duquel coule un torrent... |
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III. — La phrase conditionnelle
L'énoncé d'une condition au présent, reste aussi au présent en espagnol:
Si tu bouges, si te mueves; si tu veux, si quieres, etc.
Mais si l'énoncé est présenté à l'imparfait (si tu voulais) , il
doit être rendu par l'imparfait du subjonctif (si quisieras).
On peut employer indifféremment les formes en -ara, -iera, ou
celles en -ase, -iese.
Si tu avais de la patience, tu pourrais achever.
Si nous étions libres, nous le ferions.
Si tu travaillais, je te paierais.
Si tuvieras paciencia, podrías acabar.
Si estuviéramos libres, lo haríamos.
Si trabajaras, te pagaría.
Lorsque le si n'est pas conditionnel, mais un simple
équivalent de quand, le verbe reste à l'indicatif.
S'il faisait beau (lorsqu'il...) je sortais en promenade et s'il
pleuvait, je travaillais à la maison.
Si hacía buen tiempo, salía de paseo, y si llovía, trabajaba en casa. |
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IV. — Traduction de la tournure française c'est...
qui, c'est... que.
a) Le premier terme c'est, doit s'accorder en personne avec
le nom, ou pronom qui suit : c'est moi... soy yo; c'est toi,
eres tú; c'est nous, somos nosotros; ce sont tes parents,
son tus padres; c'est vous (de politesse), es usted.
Il faut aussi établir un accord de temps avec le verbe principal :
C'est reste au présent si le verbe qui suit est au présent, au
futur ou conditionnel, ou au passé composé.
On le met à l'imparfait (= c'était, era) si le verbe qui suit est
à l'imparfait ou au plus que parfait.
On le met au passé (= ce fut, fué) si le verbe qui suit est au
passé simple.
b) Le relatif qui ou que doit se traduire par quien
ou el que, la que, etc., s'il se rapporte à des personnes ou des
choses (cf. relatifs leç. 49, § III).
C est mot qui suis arrive le premier.
C'était ce livre que tu voulais?
C'est Gutenberg qui inventa l'imprimerie.
Soy yo quien he llegado primero.
¿Era ese libro el que deseabas?
Fué Gutenberg quien inventó la imprenta.
c) On traduira le que par : 1° cuando, s'il est
précédé d'un adverbe ou complément de temps; 2° donde s'il est
question de lieu; 3° como, s'il est question de manière.
C'est l'hiver dernier que je l'ai connu.
C'est en Allemagne qu'on fabrique ces objets.
C'est lentement et fermement qu'il faut agir.
Fué el invierno pasado cuando le conocí.
En Alemania es donde se fabrican esos objetos.
Es despacio y con firmeza como hay que obrar. |
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V. — La diphtongaison
Pour bien comprendre le mécanisme de la diphtongaison dans la
conjugaison espagnole, il convient de se rendre compte que ce n'est pas
là un fait particulier aux verbes, mais une loi générale de la langue,
qui se retrouve dans toutes les catégories de mots : noms, adjectifs,
adverbes, participes, etc.
En effet, en face des mots français où nous avons un o ou un e
: bon, fort, sort, pont, vol, dispos, etc. ; terre, dent, sept,
désert, serpent, cent, etc., nous trouvons en espagnol des mots à
diphtongue :
1 bueno. 1 tierra.
2 fuerte. 2 diente
3 suerte. 3 siete.
4 puente. 4 desierto.
5 vuelo. 5 serpiente.
6 dispuesto, etc. 6 ciento, etc.
Remarquez que les diphtongues ue ou ie se sont produites
toujours dans la syllabe accentuée de ces mots. Si maintenant nous
considérons des dérivés de ces mots où la syllabe tonique est portée sur
une terminaison de suffixe, nous constaterons que l'o et l'e
devenus atones, reparaissent à la place des diphtongues :
1 bondad. 1 terrestre
2 fortaleza (forteresse). 2 dentista
3 sortear (tirer au sort). 3 setenta.
4 pontón (ponton) 4 deserción.
5 volante (volant). 5 serpentear (serpenter).
6 disposición. 6 centenar (une centaine)
Les exemples pourraient être multipliés à l'infini. A chaque page du
livre vous rencontrerez des mots renfermant un ue ou un ie,
dont il vous sera facile de trouver des dérivés présentant un o
et un e à la place. Ce sera en tout cas, pour vous, un excellent
exercice de vocabulaire.
Le français présente dans les verbes certains cas de diphtongaison, peu
nombreux, mais qu'il est intéressant de rapprocher de l'espagnol, car
ils coïncident exactement aux mêmes temps et aux mêmes personnes.
Venir : Je viens, tu viens, il vient, nous venons, vous venez, ils
viennent
De même : tenir, je tiens, nous tenons;
acquérir, j'acquiers, nous acquérons; etc.
Remarquez dans les verbes mouvoir, pouvoir, vouloir, une
alternance dans le radical entre le son eu (autrefois diphtongue
œu) : je meux, je peux, je veux, et le son ou :
nous mouvons, nous pouvons, nous voulons;
alternance parallèle à celle de ue (muevo) et de o
(movemos) de poder, mover, volver, etc. |