QUATRE-VINGT-DOUZIÈME LEÇON

L'infini

1 Toujours chères me furent (cher me fut) cette colline solitaire

2 et cette haie qui, sur un long espace (de tant de partie)

3 cache au regard (exclut le regard du) l'extrême (le dernier) horizon.

4 Mais en contemplant, assis (en m'asseyant), j’imagine (je me feins dans la pensée)

5 [d’] interminables espaces au-delà (de celle-là), [de] surhumains

6 silences, et [un] calme très profond,

7 où pour [un] peu

8 mon (le) cœur (ne) s’effraie. Et comme j’entends

9 le vent bruire à travers ces feuillages (parmi ces plantes),

10 ce silence infini, je le vais comparant

11 à cette voix, et me souviens [de] l’éternel,

12 et [des] mortes saisons et de celle-ci (de la présente)

13 qui vit (et vivante) [encore], et [de sa] rumeur (d’elle). Ainsi dans (parmi) cette

14 immensité sombre (se noye) ma pensée :

15 et il m'est doux de m’abîmer (faire naufrage) en cette mer.

Giacomo Leopardi.

EXERCICES : 1. "Les hommes sont en général comme les maris. Les maris, s'ils veulent vivre tranquillement, doivent nécessairement croire que leurs femmes leur sont fidèles ; chacun doit le croire de la sienne ; c'est ce qu'ils font ; même quand la moitié du monde sait que la vérité est tout autre. - 2. Si quelqu'un veut ou doit vivre dans un pays, il a intérêt à le croire un des meilleurs qui soient sur la partie habitable de la terre ; et c'est ce qu’il croit. - 3. En général les hommes, s'ils veulent vivre, ont intérêt à croire la vie belle et précieuse ; et c’est ce qu'ils croient ; et ils se fâchent contre ceux qui pensent différemment d'eux. - 4. Parce que le genre humain croit toujours, finalement, non pas le vrai, mais ce qui est, ou qui lui paraît être plus dans son intérêt. Je ne sais pas si ces sentiments naissent de ma maladie : - 5. je sais seulement que, malade ou sain, je piétine la lâcheté des hommes, je refuse toutes consolations et toutes duperies puériles, et j'ai le courage de ne me dissimuler aucune partie du malheur humain, et d’accepter toutes les conséquences d'une philosophie douloureuse, mais vraie”.

(tiré de G. Léopardi, “Dialogue entre Tristan et un ami” dans “Petites œuvres morales”).

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"L’Infinito" était votre première expérience “poétique" en italien. La difficulté était sans aucun doute plus grande qu'à la lecture de la prose (ou des dialogues plus ou moins drôles...!), mais nous vous conseillons, dans vos lectures futures, de chercher toujours la difficulté, pour améliorer de plus en plus votre niveau de compréhension et pour enrichir votre vocabulaire (pour cela, la lecture est irremplaçable). Dans la prochaine leçon, nous allons encore faire un petit saut dans le temps, jusqu’au XVIIIè siècle. Vous n'avez qu'à tourner la page!

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Seconda ondata : quarantatreesima lezione