QUATRE-VINGT-DEUXIÈME LEÇON
Un prologue de “commedia dell’arte”
1 COLOMBINE : - Qui est Votre Seigneurie?
ARLEQUIN : - Je suis un “comédien chef d’une
troupe de comédiens”.
2 C. : - Votre Seigneurie est un comédien? Et quand "comédierez"-vous? Je meurs d'envie de
vous voir.
3 A. : - Je "comédierai” quand j’aurai trouvé des "comédiens" pour “comédier”.
4 C. : - Quel personnage jouez (faites)-vous?
A. : - Le personnage principal.
5 C. : - Mais quel sera le premier travail?
A. : - Nous commencerons ce soir avec "L’incendie de Troie".
6 C. : - Le sujet me plaît. Et vous, quel personnage jouez (faites)-vous?
A. : - Le personnage principal : le Cheval de Troie.
7 C. : - Racontez (dites)-moi, s’il vous plaît, l’histoire de cet incendie de Troie.
A. : - Volontiers : il s’agit... il s’agit... Mais tout le monde sait de quoi il s'agit!
8 C. : - Moi, je ne le sais pas et je voudrais le savoir.
A. : - Voilà de quoi il s'agit.
L’incendie s’était querellé avec Troie à cause (par voie) du paiement de certains œufs ;
9 un jour il n'en put plus et alla (pour) la battre (la bastonner), mais en même temps la
pluie vint au (en) secours de la pauvre Troie ;
10 et elle baigna furieusement l’incendie, lequel se retira fâché et la chose finit dans
la fumée, une grande fumée...
11 C. : - Non, je n’aime pas ça, c’est une comédie qui ferait mal aux yeux et ferait
pleurer tout le monde. Il faut trouver un sujet "plus élevé". Par exemple les litiges
entre les hommes et les femmes.
12 A. : - Je préfère la tragédie.
C. : - Vous avez tort. Rien n’est plus amusant que (de) la comédie.
A. : - Voulez-vous avoir raison par le seul fait d’être [une] femme?
13 C. : - Demandons [à ces dames et] à ces messieurs. Je soutiens avec Aristote que
l'homme est un animal qui rit...
14 A. : -... et moi, je soutiens avec Platon que l’homme est un animal qui siffle... Donc
(“ergo”), le [fait de] siffler est plus propre à l’homme que le [fait de] rire.
15 C. : - Cela peut être vrai ; mais l’homme est le seul animal qui rit, alors que (et au
contraire) la faculté de siffler, il l’a en commun avec les serpents.
16 A. : - Oh [Mesdames et] Messieurs, n'ayez rien en commun avec ces horribles animaux...
17 C. : - Très bien. Moi, je prierai [ces dames et] ces messieurs de rire pendant (pour)
toute la comédie, et toi, tu les prieras de siffler.
18 A. : - Oui, mais au premier sifflet, tu auras perdu (tu perds) le pari.
19 C. : - [Mesdames et] Messieurs, pensez que j’ai parié tout ce que je possède. Si vous
sifflez ne serait-ce qu’une fois (ferez seulement un sifflet), j’aurai tout perdu. Je suis
entre vos mains (dans votre main).
EXERCICES : 1. Si quand tu étais jeune tu n'avais pas été un querelleur, tu ne te
retrouverais peut-être pas maintenant au chômage et sans amis. - 2. Au café d'en face il y
a eu une bagarre : ce sont encore ces voyous qui rôdent dans les parages du matin au soir.
- 3. Un jour il n’en put plus et alla la battre, mais la chose finit en fumée. - 4. Le
fait de jouer est une véritable soupape de sécurité pour ce comédien, qui aime tellement
son travail qu'il sent le besoin de monter sur la scène au moins une fois par jour. - 5.
Il dit qu’il participerait au jury du concours théâtral, à condition qu’il n’y ait pas de
représentation de Commedia dell'Arte
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Seconda ondata : trentatreesima lezione