Germaine Lix Reste encore ce soir 1931 |
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Reste encore… ce soir (A. Olivier - Jean Neuburger 1925) R. Reste encore… ce soir, j’ai trop peur de la nuit Peur de me trouver seule en face de moi-même / seul Peur de la table où sera mis Un seul couvert, peur du grand lit Où si souvent ta lèvre a murmuré : Je t’aime Reste encore… demain quand au ciel radieux Le soleil suspendra l’or de ses draperies Tu partiras et mon adieu Ne mettra pas sur tes beaux yeux Le triste voile noir de ma mélancolie Reste encore… ce soir, j’ai trop peur de la nuit Oui, demain tu pourras partir Ne crains pas, malgré ma souffrance Que je retarde ton désir La hâte de ta délivrance Je sais que ton amour pour moi Pour moi qui t’aime à la folie Est mort, bien mort depuis six mois J’ai suivi sa lente agonie R. Reste encore… ce soir, j’ai trop peur de la nuit Peur d’entendre mes pas dans l’horrible silence Peur de voir le nid si petit Où tant de fois on s’est blotti M’apparaitre plus grand que le désert immense Reste encore… ce soir, je suis comme un enfant Au jour, je te promets, j’aurai plus de courage Et tu verras… presque gaiement Sans reproche, j’en fais le serment Je te laisserai fuir vers de lointains mirages Reste encore… ce soir, j’ai trop peur de la nuit Bien qu’à jamais soit effacé Le souvenir de ma tendresse Au nom de notre cher passé Pitié pour ma lourde détresse Oui je le sens, tu vas rester Et si ton regard s’exaspère Ton cœur ne saurait résister Au désespoir de ma prière R. Reste encore… ce soir j’ai trop peur de la nuit Peur de l’affreux néant qui m’appelle et m’attire Peur de voir le destin maudit Dont la grimace me sourit Emporter ma raison, mon esprit qui chavire Reste encore… mais quoi, tu ne me réponds pas Tu vas m’abandonner dans l’effroi qui me glace En mon cœur le bruit de tes pas Sonne comme un lugubre glas À genoux je supplie… tu m’écartes, tu passes… Reste encore… tu pars, je mourrai cette nuit |