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016 Livre
Des contes et légendes
018 Les Uldra
Conte

Les Uldra

Les Uldra ? Oui ! Je ne connaissais pas les Uldra ? Le petit peuple qui vit sous terre ! Quand l'ours s'endormait l'hiver, les Uldra lui apportaient de la nourriture, la nuit ; évidemment, aucune bête ne pourrait dormir tout l'hiver sans nourriture, me dit Turi, riant en dedans. La loi de l'ours lui interdit de tuer un homme. S'il la transgresse, les Uldra ne lui apportent pas de nourriture et il ne pourrait pas dormir l'hiver. Seule une balle d'argent, fondue dans la nuit d'un samedi près du cimetière, pourrait le tuer, car il était protégé par les Uldra.
Je demandai à Turi s'il n'avait jamais vu les Uldra. Non, pas lui, mais sa femme les avait vus et les enfants les voyaient souvent. Mais il les avait entendus s'agiter sous terre. Les Uldra se déplaçaient la nuit ; il dormaient le jour, car il n'y voyaient pas quand il faisait clair. Parfois, quand il arrivait à des Lapons de dresser leur tente juste au-dessus d'un endroit où vivaient des Uldra, les Uldra les prévenaient d'avoir à dresser leur tente plus loin. Les Uldra étaient tout à fait bienveillants pourvu qu'on les laissât tranquilles. Si on les dérangeait, ils répandaient sur la mousse une poudre qui tuait les rennes par dizaines. Il leur arrivait même d'emporter un bébé lapon et de le remplacer dans le berceau par un des leurs.
Leurs bébés avaient le visage couvert de poils noirs et la bouche garnie de dents longues et pointues.
Il y en a qui disent qu'il faut battre leur petit avec une verge de bouleau enflammée, jusqu'à ce que la mère, ne pouvant plus supporter ses cris, vous rapporte votre bébé et remporte le sien. D'autres disent qu'il faut traiter leurs enfants comme le vôtre ; alors la mère Uldra vous en saura gré et vous rendra votre enfant.

Tandis que parlait Turi, une discussion animée au sujet de la méthode la meilleure s'était élevée entre les femmes qui serraient leurs petits contre elles, l'œil inquiet.

Je demandai à Turi s'il y avait des "Stalo" dans le voisinage. J'en avais entendu parler dans mon enfance ! J'aurais tout donné pour rencontrer un de ces grand ogres.

"Dieu nous en préserve, dit Turi, mal à l'aise : vous savez, la rivière que vous traverserez à gué demain s'appelle encore la rivière Stalo en souvenir du vil ogre qui y vivait autrefois avec sa sorcière de femme. Ils n'avaient qu'un œil à eux deux, aussi ils se querellaient et battaient toujours à qui l'aurait pour voir. Ils mangeaient toujours leurs enfants, mais ils mangeaient aussi des petits Lapons quand ils en avaient l'occasion. Stalo disait qu'il préférait les bébés lapons ; ses propres enfants avaient trop le goût de soufre.

Un jour qu'ils traversaient le lac en traîneau tiré par douze loups, ils se mirent comme d'habitude à se chamailler pour leur œil, et Stalo se fâcha si fort qu'il creva le fond du lac, par où sortirent tous les poissons, et aucun n'est jamais revenu. C'est pourquoi on l'appelle encore le lac Siva ; vous le traverserez à la rame demain et vous constaterez vous-même qu'il n'y reste plus un seul poisson."

Axel MUNTHE