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016 Livre
Des contes et légendes
022 Le conte de la Fleur
Conte

Le conte de la Fleur

Il y avait une fois un homme et une femme qui avaient une ribambelle d'enfants et peu de chose à leur mettre sous la dent. Ils étaient pauvres comme des rats. Un soir, l'homme dit à la femme :
"Que ferons-nous de tous ces marmots ? Nous n'avons rien à leur donner. Il faut aller les perdre."
Le lendemain, le père les conduit loin, bien loin au milieu d'un grand bois, et leur dit :
"Amusez-vous, je viendrai bientôt vous chercher."
Au bout d'un moment passe une belle voiture, avec une belle princesse dedans.
"Comme je me plairais dans cette voiture, dit un des garçons.
- Quel est celui qui a dit cela ?" fait la princesse.
Personne ne répondit.
"C'est celui-ci, fit un valet.
- Eh bien, mon petit, il te faut venir avec moi."
Et la princesse le fit monter dans sa voiture.
"Comment t'appelles-tu ?
- La Fleur.
- Tu as un joli nom. Je vais te conduire dans un magnifique château ; il ne te manquera rien, mais tu seras pas toujours heureux. Tu auras quelques lieues de mauvais chemin."
Quelques temps plus tard, la princesse dit à La Fleur :
"Je vais te quitter, car je dois partir pour un long voyage. Mais d'abord, tu auras deux mauvaises nuits à passer. Il viendra trois homme, qui frapperont à la porte du château ; ils t'appelleront, mais tu ne répondras pas. Ils te feront bien souffrir, mais ne te tuerons pas.
- Tant pis, dit La Fleur. Je souffrirai pour l'amour de vous.
Le soir, entre onze heures et minuit :
"Ho ! La Fleur ! dirent trois voix. Tu es content d'être dans ce château ? Ouvre, ou nous enfonçons la porte."
La Fleur ne souffla mot.
Les trois hommes enfoncèrent la porte et entrèrent.
"Que ferons-nous de La Fleur ? dirent-ils.
- Jouons à la balle avec lui."
Ils cherchèrent des cordes, l'attachent bien et se le renvoient de l'un à l'autre. A peine l'avaient-ils fait sauter trois ou quatre fois que minuit sonna, et tous trois prirent le large.
La princesse arriva à l'aube et appela La Fleur. Mais La Fleur, roué de coups, ne pouvait lui répondre.
Elle entra et le vit qui ne pouvait remuer.
"Pauvre Princesse, je suis mort !
- Pas tout à fait. Je vais te guérir."
Elle le délia, sortit un onguent de sa poche, le frotta bien et l'essuya avec un mouchoir blanc qu'elle lui remit. Il fut guéri.
"Pauvre La Fleur, tu as passé une bien mauvaise nuit : mais il t'en reste une plus mauvaise encore à passer."
Et la princesse le quitta. Entre onze heures et minuit, les trois hommes revinrent.
"Ho ! La Fleur ! Tu es content dans ce château ? Ouvre, ou nous enfonçons la porte."
La Fleur ne souffla mot. Les trois hommes enfoncèrent la porte et entrèrent.
"Que ferons-nous de La Fleur ? dirent-ils.
- Faisons-le cuire à la broche."
A force de chercher ils en trouvèrent une assez grande. Mais à peine embrochaient-ils La Fleur que minuit sonna, et ils prirent le large.
La princesse, cette fois encore, arriva à l'aube et appela La Fleur. Mais La Fleur, tout endolori, ne pouvait pas répondre.
Elle entra et le vit prêt à rendre le dernier soupir
"Pauvre Princesse, je suis mort.
- Pas tout à fait. Je vais te guérir."
Elle le retira de la broche, sortit un onguent de sa poche, le frotta bien, l'essuya avec un mouchoir rouge qu'elle lui remit. Il fut guéri.
"Je te laisse maître de ce château. Moi je m'en vais loin et peut-être ne me reverras-tu jamais."
Elle l'embrassa et s'en alla.
Quelques années passèrent. La Fleur s'ennuyait dans sa solitude. Il lui tardait de revoir la princesse. Il demanda au Vent du Nord s'il n'avait pas ouï parler de la maîtresse de ce château. Il répondit que non. Il le demanda au Vent d'Ouest. Celui-ci n'en sut pas davantage. Il le demanda au Vent du Midi. Et le Vent du Midi lui répondit :
"Je vais te l'indiquer, mais elle est loin, très loin, et elle se marie demain."
Et La Fleur, désolé :
"Si vous pouviez me porter là où est la princesse, vous me feriez grand plaisir : j'aimerais être à ses noces.
- Je ferai ce que je pourrai", dit le Vent du Midi.
Et La Fleur eut l'idée de se fourrer dans une des bottes du Vent, qui étaient plutôt avantageuses. Et en route ! D'un bond le Vent fut à mi-chemin.
"Tu suis, La Fleur ?
- Oui, oui, je suis là."
Le Vent souffla encore un bon coup puis dit : "Nous y sommes." D'une grande bouffée il ouvrit les fenêtres et déposa La Fleur dans la chambre de la princesse. La Fleur se cacha derrière le rideau du lit, après avoir placé son mouchoir blanc sur une petite table au milieu de la pièce.
La princesse sortit de son cabinet de toilette, vit le mouchoir mais n'y fit pas attention. Quand elle fut sortie, La Fleur y mit le mouchoir rouge. La princesse revint, regarda les deux mouchoirs, les prit et s'écria :
"Que veut dire ceci ? Il y a quelque chose de plus ou de moins, dans cette chambre... La Fleur, n'es-tu pas ici ? Réponds-moi !"
Et La Fleur sortit de derrière le rideau, beau et superbe comme un prince.
La princesse épousa La Fleur. Tous deux revinrent au château et y vécurent longtemps heureux.