007 Livre
Charles Baudelaire
Les Fleurs du Mal
1868
LA MORT
CXLIX

LA FIN DE LA JOURNÉE

Sous une lumière blafarde
Court, danse et se tord sans raison
La Vie, impudente et criarde.
Aussi, sitôt qu’à l’horizon

La nuit voluptueuse monte,
Apaisant tout, même la faim,
Effaçant tout, même la honte,
Le Poëte se dit : « Enfin !

Mon esprit, comme mes vertèbres,
Invoque ardemment le repos ;
Le cœur plein de songes funèbres,

Je vais me coucher sur le dos
Et me rouler dans vos rideaux,
Ô rafraîchissantes ténèbres ! »
 
La Fin de la Journée (1861)

Sous une lumière blafarde
Court, danse et se tord sans raison
La Vie, impudente et criarde.
Aussi, sitôt qu’à l’horizon

La nuit voluptueuse monte,
Apaisant tout, même la faim,
Effaçant tout, même la honte,
Le Poète se dit : « Enfin !

Mon esprit, comme mes vertèbres,
Invoque ardemment le repos ;
Le coeur plein de songes funèbres,

Je vais me coucher sur le dos
Et me rouler dans vos rideaux,
Ô rafraîchissantes ténèbres ! »




The End of the Day

Under a pallid light, noisy,
Impudent Life runs and dances,
Twists and turns, for no good reason
So, as soon as voluptuous
Night rises from the horizon,
Assuaging all, even hunger,
Effacing all, even shame,
The Poet says to himself : “At last !
My spirit, like my vertebrae,
Passionately invokes repose ;
With a heart full of gloomy dreams,
I shall lie down flat on my back
And wrap myself in your curtains,
O refreshing shadows !”
– William Aggeler, 1954


The End of the Day

Under the wan, dejected skies,
Impudent, raucous, full of treason,
This life runs dancing without reason.
Voluptuous night begins to rise,
Appeasing even those who fast,
Ravenous hunger making tame,
And hiding all things, even shame,
Until the Poet says, “At last
My spirit, like my weary spine,
Can do with slumber, that is certain,
Sad dreams invade this heart of mine.
I’m off to lie down on my back,
And roll myself into your curtain,
Refreshing shadows, dense and black !”
– Roy Campbell, 1952
 
Charles Baudelaire
Les Fleurs du Mal