007 Livre
Charles Baudelaire
Les Fleurs du Mal
1868
TABLEAUX PARISIENS
CXXIII

Je n’ai pas oublié, voisine de la ville

Je n’ai pas oublié, voisine de la ville,
Notre blanche maison, petite mais tranquille ;
Sa Pomone de plâtre et sa vieille Vénus
Dans un bosquet chétif cachant leurs membres nus,
Et le soleil, le soir, ruisselant et superbe,
Qui, derrière la vitre où se brisait sa gerbe,
Semblait, grand œil ouvert dans le ciel curieux,
Contempler nos dîners longs et silencieux,
Répandant largement ses beaux reflets de cierge
Sur la nappe frugale et les rideaux de serge.
 
Je n’ai pas oublié, voisine de la ville

Je n’ai pas oublié, voisine de la ville,
Notre blanche maison, petite mais tranquille ;
Sa Pomone de plâtre et sa vieille Vénus
Dans un bosquet chétif cachant leurs membres nus,
Et le soleil, le soir, ruisselant et superbe,
Qui, derrière la vitre où se brisait sa gerbe
Semblait, grand oeil ouvert dans le ciel curieux,
Contempler nos dîners longs et silencieux,
Répandant largement ses beaux reflets de cierge
Sur la nappe frugale et les rideaux de serge.
– Charles Baudelaire




I Have Not Forgotten Our White Cottage

I have not forgotten our white cottage,
Small but peaceful, near the city,
Its plaster Pomona, its old Venus,
Hiding their bare limbs in a stunted grove.
In the evening streamed down the radiant sun,
That great eye which stares from the inquisitive sky.
From behind the window that scattered its bright rays
It seemed to gaze upon our long, quiet dinners,
Spreading wide its candle-like reflections
On the frugal table-cloth and the serge curtains.
– William Aggeler, 1954

Neighbouring on the City, I Recall

Neighbouring on the city, I recall
Our snow-white house, so full of peace and small :
The casts of Venus and Pomona too
Whose limbs a tiny thicket hid from view.
The sun at eve, cascading fire and gold,
Behind the glass, his sheaf of rays unrolled,
Then, like an eye, inquisitively seemed
To watch our long, hushed dinners as we dreamed ;
Like candle-flames his glories, as they poured,
Lit our serge curtains and our simple board.
– Roy Campbell, 1952
 
Charles Baudelaire
Les Fleurs du Mal