007 Livre
Charles Baudelaire
Les Fleurs du Mal
1868
SPLEEN ET IDÉAL
XCIV

HYMNE

À la très-chère, à la très-belle
Qui remplit mon cœur de clarté,
À l’ange, à l’idole immortelle,
Salut en immortalité !

Elle se répand dans ma vie
Comme un air imprégné de sel,
Et dans mon âme inassouvie
Verse le goût de l’éternel.

Sachet toujours frais qui parfume
L’atmosphère d’un cher réduit,
Encensoir oublié qui fume
En secret à travers la nuit,

Comment, amour incorruptible,
T’exprimer avec vérité ?
Grain de musc qui gis, invisible,
Au fond de mon éternité !

À la très-bonne, à la très-belle
Qui fait ma joie et ma santé,
À l’ange, à l’idole immortelle,
Salut en immortalité !
 
Hymne (1868)

À la très chère, à la très belle
Qui remplit mon coeur de clarté,
À l’ange, À l’idole immortelle,
Salut en l’immortalité !

Elle se répand dans ma vie
Comme un air imprégné de sel,
Et dans mon âme inassouvie
Verse le goût de l’éternel.

Sachet toujours frais qui parfume
L’atmosphère d’un cher réduit,
Encensoir oublié qui fume
En secret à travers la nuit,

Comment, amour incorruptible,
T’exprimer avec vérité ?
Grain de musc qui gis, invisible,
Au fond de mon éternité !

À la très bonne, à la très belle
Qui fait ma joie et ma santé,
À l’ange, à l’idole immortelle,
Salut en l’immortalité !




Hymn

To the dearest, fairest woman
Who sets my heart ablaze with light,
To the angel, the immortal idol,
Greetings in immortality !
She permeates my life
Like air impregnated with salt
And into my unsated soul
Pours the taste for the eternal.
Sachet, ever fresh, that perfumes
The atmosphere of a dear nook,
Forgotten censer smoldering
Secretly through the night,
Everlasting love, how can I
Describe you truthfully ?
Grain of musk that lies unseen
In the depths of my eternity !
To the dearest, fairest woman
Who is my health and my delight
To the angel, the immortal idol,
Greetings in immortality !
– William Aggeler, 1954


Hymn

To the most lovely, the most dear,
The Angel, and the deathless grail
Who fill my heart with radiance clear –
In immortality all hail !
Into my life she flows translated
As saline breezes fill the sky,
And pours into my soul unsated
The taste of what can never die.
Sachet, forever fresh, perfuming
Some quiet nook of hid delight ;
A lone forgotten censer fuming
In secrecy across the night.
How, flawless love, with truth impart
Your purity and keep it whole,
O unseen grain of musk who art
The core of my eternal soul ?
To the most lovely, the most dear,
The angel, and the deathless grail,
Who fill my life with radiance clear –
In immortality all hail !
– Roy Campbell, 1952
 
Charles Baudelaire
Les Fleurs du Mal