007 Livre Charles Baudelaire Les Fleurs du Mal 1868 |
SPLEEN ET IDÉAL |
LXXXI FEMMES DAMNÉES (Delphine et Hippolyte) À la pâle clarté des lampes languissantes, Sur de profonds coussins tout imprégnés d’odeur, Hippolyte rêvait aux caresses puissantes Qui levaient le rideau de sa jeune candeur. Elle cherchait d’un œil troublé par la tempête De sa naïveté le ciel déjà lointain, Ainsi qu’un voyageur qui retourne la tête Vers les horizons bleus dépassés le matin. De ses yeux amortis les paresseuses larmes, L’air brisé, la stupeur, la morne volupté, Ses bras vaincus, jetés comme de vaines armes, Tout servait, tout parait sa fragile beauté. Étendue à ses pieds, calme et pleine de joie, Delphine la couvait avec des yeux ardents, Comme un animal fort qui surveille une proie, Après l’avoir d’abord marquée avec les dents. Beauté forte à genoux devant la beauté frêle, Superbe, elle humait voluptueusement Le vin de son triomphe, et s’allongeait vers elle Comme pour recueillir un doux remercîment. Elle cherchait dans l’œil de sa pâle victime Le cantique muet que chante le plaisir Et cette gratitude infinie et sublime Qui sort de la paupière ainsi qu’un long soupir : — « Hippolyte, cher cœur, que dis-tu de ces choses ? Comprends-tu maintenant qu’il ne faut pas offrir L’holocauste sacré de tes premières roses Aux souffles violents qui pourraient les flétrir ? Mes baisers sont légers comme ces éphémères Qui caressent le soir les grands lacs transparents, Et ceux de ton amant creuseront leurs ornières Comme des chariots ou des socs déchirants ; Ils passeront sur toi comme un lourd attelage De chevaux et de bœufs aux sabots sans pitié…. Hippolyte, ô ma sœur ! tourne donc ton visage, Toi, mon âme et mon cœur, mon tout et ma moitié, Tourne vers moi tes yeux pleins d’azur et d’étoiles ! Pour un de ces regards charmants, baume divin, Des plaisirs plus obscurs je leverai les voiles, Et je t’endormirai dans un rêve sans fin ! » Mais Hippolyte alors, levant sa jeune tête : — « Je ne suis point ingrate et ne me repens pas, Ma Delphine, je souffre et je suis inquiète, Comme après un nocturne et terrible repas. Je sens fondre sur moi de lourdes épouvantes Et de noirs bataillons de fantômes épars, Qui veulent me conduire en des routes mouvantes Qu’un horizon sanglant ferme de toutes parts. Avons-nous donc commis une action étrange ? Explique, si tu peux, mon trouble et mon effroi : Je frissonne de peur quand tu me dis : mon ange ! Et cependant je sens ma bouche aller vers toi. Ne me regarde pas ainsi, toi, ma pensée, Toi que j’aime à jamais, ma sœur d’élection, Quand même tu serais une embûche dressée, Et le commencement de ma perdition ! » Delphine secouant sa crinière tragique, Et comme trépignant sur le trépied de fer, L’œil fatal, répondit d’une voix despotique : — « Qui donc devant l’amour ose parler d’enfer ? Maudit soit à jamais le rêveur inutile, Qui voulut le premier dans sa stupidité, S’éprenant d’un problême insoluble et stérile, Aux choses de l’amour mêler l’honnêteté ! Celui qui veut unir dans un accord mystique L’ombre avec la chaleur, la nuit avec le jour, Ne chauffera jamais son corps paralytique À ce rouge soleil que l’on nomme l’amour ! Va, si tu veux, chercher un fiancé stupide ; Cours offrir un cœur vierge à ses cruels baisers ; Et, pleine de remords et d’horreur, et livide, Tu me rapporteras tes seins stigmatisés ; On ne peut ici bas contenter qu’un seul maître ! » Mais l’enfant, épanchant une immense douleur, Cria soudain : — « Je sens s’élargir dans mon être Un abîme béant ; cet abîme est mon cœur, Brûlant comme un volcan, profond comme le vide ; Rien ne rassasiera ce monstre gémissant Et ne rafraîchira la soif de l’Euménide, Qui, la torche à la main, le brûle jusqu’au sang. Que nos rideaux fermés nous séparent du monde, Et que la lassitude amène le repos ! Je veux m’anéantir dans ta gorge profonde, Et trouver sur ton sein la fraîcheur des tombeaux. » Descendez, descendez, lamentables victimes, Descendez le chemin de l’enfer éternel ; Plongez au plus profond du gouffre où tous les crimes, Flagellés par un vent qui ne vient pas du ciel, Bouillonnent pêle-mêle avec un bruit d’orage ; Ombres folles, courez au but de vos désirs ; Jamais vous ne pourrez assouvir votre rage, Et votre châtiment naîtra de vos plaisirs. Jamais un rayon frais n’éclaira vos cavernes ; Par les fentes des murs des miasmes fiévreux Filent en s’enflammant ainsi que des lanternes Et pénètrent vos corps de leurs parfums affreux. L’âpre stérilité de votre jouissance Altère votre soif et roidit votre peau, Et le vent furibond de la concupiscence Fait claquer votre chair ainsi qu’un vieux drapeau. Loin des peuples vivants, errantes, condamnées, À travers les déserts courez comme les loups ; Faites votre destin, âmes désordonnées, Et fuyez l’infini que vous portez en vous ! |
Femmes Damnées (Delphine et Hippolyte) (1857) À la pâle clarté des lampes languissantes, Sur de profonds coussins tout imprégnés d’odeur Hippolyte rêvait aux caresses puissantes Qui levaient le rideau de sa jeune candeur. Elle cherchait, d’un oeil troublé par la tempête, De sa naïveté le ciel déjà lointain, Ainsi qu’un voyageur qui retourne la tête Vers les horizons bleus dépassés le matin. De ses yeux amortis les paresseuses larmes, L’air brisé, la stupeur, la morne volupté, Ses bras vaincus, jetés comme de vaines armes, Tout servait, tout parait sa fragile beauté. Étendue à ses pieds, calme et pleine de joie, Delphine la couvait avec des yeux ardents, Comme un animal fort qui surveille une proie, Après l’avoir d’abord marquée avec les dents. Beauté forte à genoux devant la beauté frêle, Superbe, elle humait voluptueusement Le vin de son triomphe, et s’allongeait vers elle, Comme pour recueillir un doux remerciement. Elle cherchait dans l’oeil de sa pâle victime Le cantique muet que chante le plaisir, Et cette gratitude infinie et sublime Qui sort de la paupière ainsi qu’un long soupir. – « Hippolyte, cher coeur, que dis-tu de ces choses ? Comprends-tu maintenant qu’il ne faut pas offrir L’holocauste sacré de tes premières roses Aux souffles violents qui pourraient les flétrir ? Mes baisers sont légers comme ces éphémères Qui caressent le soir les grands lacs transparents, Et ceux de ton amant creuseront leurs ornières Comme des chariots ou des socs déchirants ; Ils passeront sur toi comme un lourd attelage De chevaux et de boeufs aux sabots sans pitié... Hippolyte, ô ma soeur ! tourne donc ton visage, Toi, mon âme et mon tout, mon tout et ma moitié, Tourne vers moi tes yeux pleins d’azur et d’étoiles ! Pour un de ces regards charmants, baume divin, Des plaisirs plus obscurs je lèverai les voiles, Et je t’endormirai dans un rêve sans fin ! » Mais Hippolyte alors, levant sa jeune tête : – « Je ne suis point ingrate et ne me repens pas, Ma Delphine, je souffre et je suis inquiète, Comme après un nocturne et terrible repas. Je sens fondre sur moi de lourdes épouvantes Et de noirs bataillons de fantômes épars, Qui veulent me conduire en des routes mouvantes Qu’un horizon sanglant ferme de toutes parts. Avons-nous donc commis une action étrange ? Explique, si tu peux, mon trouble et mon effroi : Je frissonne de peur quand tu me dis : ‘Mon ange !’ Et cependant je sens ma bouche aller vers toi. Ne me regarde pas ainsi, toi, ma pensée ! Toi que j’aime à jamais, ma soeur d’élection, Quand même tu serais une embûche dressée Et le commencement de ma perdition ! » Delphine secouant sa crinière tragique, Et comme trépignant sur le trépied de fer, L’oeil fatal, répondit d’une voix despotique : – « Qui donc devant l’amour ose parler d’enfer ? Maudit soit à jamais le rêveur inutile Qui voulut le premier, dans sa stupidité, S’éprenant d’un problème insoluble et stérile, Aux choses de l’amour mêler l’honnêteté ! Celui qui veut unir dans un accord mystique L’ombre avec la chaleur, la nuit avec le jour, Ne chauffera jamais son corps paralytique À ce rouge soleil que l’on nomme l’amour ! Va, si tu veux, chercher un fiancé stupide ; Cours offrir un coeur vierge à ses cruels baisers ; Et, pleine de remords et d’horreur, et livide, Tu me rapporteras tes seins stigmatisés... On ne peut ici-bas contenter qu’un seul maître ! » Mais l’enfant, épanchant une immense douleur, Cria soudain : – « Je sens s’élargir dans mon être Un abîme béant ; cet abîme est mon coeur ! Brûlant comme un volcan, profond comme le vide ! Rien ne rassasiera ce monstre gémissant Et ne rafraîchira la soif de l’Euménide Qui, la torche à la main, le brûle jusqu’au sang. Que nos rideaux fermés nous séparent du monde, Et que la lassitude amène le repos ! Je veux m’anéantir dans ta gorge profonde, Et trouver sur ton sein la fraîcheur des tombeaux ! » – Descendez, descendez, lamentables victimes, Descendez le chemin de l’enfer éternel ! Plongez au plus profond du gouffre, où tous les crimes Flagellés par un vent qui ne vient pas du ciel, Bouillonnent pêle-mêle avec un bruit d’orage. Ombres folles, courez au but de vos désirs ; Jamais vous ne pourrez assouvir votre rage, Et votre châtiment naîtra de vos plaisirs. Jamais un rayon frais n’éclaira vos cavernes ; Par les fentes des murs des miasmes fiévreux Filtrent en s’enflammant ainsi que des lanternes Et pénètrent vos corps de leurs parfums affreux. L’âpre stérilité de votre jouissance Altère votre soif et roidit votre peau, Et le vent furibond de la concupiscence Fait claquer votre chair ainsi qu’un vieux drapeau. Loin des peuples vivants, errantes, condamnées, À travers les déserts courez comme les loups ; Faites votre destin, âmes désordonnées, Et fuyez l’infini que vous portez en vous ! Damned Women (Delphine and Hippolyta) In the pallid light of languishing lamps, In deep cushions redolent of perfume, Hippolyta dreamed of the potent caresses That drew aside the veil of her young innocence. She was seeking, with an eye disturbed by the storm, The already distant skies of her naiveté, Like a voyager who turns to look back Toward the blue horizons passed early in the day. The listless tears from her lacklustrous eyes, The beaten, bewildered look, the dulled delight, Her defeated arms thrown wide like futile weapons, All served, all adorned her fragile beauty. Lying at her feet, calm and filled with joy, Delphine gazed at her hungrily, with burning eyes, Like a strong animal watching a prey Which it has already marked with its teeth. The strong beauty kneeling before the frail beauty, Superb, she savored voluptuously The wine of her triumph and stretched out toward the girl As if to reap her reward of sweet thankfulness. She was seeking in the eyes of her pale victim The silent canticle that pleasure sings And that gratitude, sublime and infinite, Which the eyes give forth like a long drawn sigh. “Hippolyta, sweet, what do you think of our love ? Do you understand now that you need not offer The sacred burnt-offering of your first roses To a violent breath which could make them wither ? My kisses are as light as the touch of May flies That caress in the evening the great limpid lakes, But those of your lover will dig furrows As a wagon does, or a tearing ploughshare ; They will pass over you like heavy teams Of horses or oxen, with cruel iron-shod hooves... Hippolyta, sister ! please turn your face to me, You, my heart and soul, my all, half of my own self, Turn toward me your eyes brimming with azure and stars ! For one of those bewitching looks, O divine balm, I will lift the veil of the more subtle pleasures And lull you to sleep in an endless dream !” Hippolyta then raised her youthful head : “I am not ungrateful and I do not repent, Delphine darling ; I feel restless and ill, As I do after a rich midnight feast. I feel heavy terrors pouncing on me And black battalions of scattered phantoms Who wish to lead me onto shifting roads That a bloody horizon shuts in on all sides. Is there something strange in what we have done ? Explain if you can my confusion and my fright : I shudder with fear when you say : ‘My angel !’ And yet I feel my mouth moving toward you. Do not look at me that way, you, my dearest thought : The sister of my choice whom I’d love forever Even if you were an ambush prepared for me And the beginning of my perdition.” Delphine, shaking her tragic mane and stamping her foot As if she were stamping on the iron Tripod, Her eyes fatal, replied in a despotic voice : “Who dares to speak of hell in the presence of love ? May he be cursed forever, that idle dreamer, The first one who in his stupidity Entranced by a sterile, insoluble problem, Wished to mix honesty with what belongs to love ! He who would unite in a mystic harmony Coolness with warmth and the night with the day Will never warm his palsied flesh With that red sun whose name is love ! Go if you wish and find a stupid sweetheart, run To offer your virgin heart to his cruel kisses ; Full of remorse and horror, and livid, You will bring back to me your stigmatized breasts... Woman here below can serve only one master !” But the girl pouring out the vast grief in her heart, Suddenly cried : “I feel opening within me A yawning abyss ; that abyss is my heart ! Burning like a volcano and deep as the void ! Nothing will satiate that wailing monster Nor cool the thirst of the Eumenides Who with torch in hand burn his very blood. Let our drawn curtains separate us from the world And let lassitude bring to us repose ! I want to bury my head in your deep bosom And find in your breast the cool of the tomb !” – Go down, go down, lamentable victims, Go down the pathway to eternal hell ! Plunge to the bottom of the abyss where all crime Whipped by a wind that comes not from heaven, Boil pell-mell with the sound of a tempest. Mad shades, run to the goal of your desires ; You will never be able to sate your passion And your punishment will be born of your pleasures. Never will a cool ray light your caverns ; Through the chinks in the walls feverish miasmas Filter through, burst into flame like lanterns And permeate your bodies with frightful odors. The bleak sterility of your pleasures Increases your thirst and makes your skin taut And the raging wind of carnal desire Makes your flesh snap like an old flag. Damned, wandering, far from living people, Roam like the wolves across the desert waste ; Fulfill your destinies, dissolute souls, And flee the infinite you carry in your hearts ! – William Aggeler, 1954 Damned Women (Delphine and Hippolyta) Over deep cushions, drenched with drowsy scents Where fading lamplight shed its dying glow, Hippolyta recalls and half-repents The kisses that first thawed her youthful snow. She sought, with tempest-troubled gaze, the skies Of her first innocence, now far away, As travellers who backward turn their eyes To blue horizons passed at break of day. Within her haggard eyes the tears were bright. Her broken look, her dazed, voluptuous air, Her vanquished arms like weapons shed in Right, Enhanced her fragile beauty with despair. Stretched at her feet Delphine contented lay And watched with burning eyeballs from beneath Like a fierce tigress who, to guard her prey, Has set a mark upon it with her teeth. Strong beauty there to fragile beauty kneeling, Superb, she seemed to sniff the heady wine Of triumph : and stretched out to her, appealing For the reward of raptures half-divine. She sought within her victim’s pallid eye Dumb hymns that pleasure sings without a choir, And gratitude that, like a long-drawn sigh, Swells from the eyelid, swooning with fire. “Hippolyta, dear heart, have you no trust ? Do you not know the folly that exposes To the fierce pillage of the brawling gust The sacred holocaust of early roses ? My kisses are as light as fairy midges That on calm evenings skim the crystal lake. Those of your man would plough such ruts and ridge As lumbering carts or tearing coulters make. They’ll tramp across you, like a ruthless team Of buffaloes or horses, yoked in lust. Dear sister, turn your face to me, my dream, My soul, my all, my twin, to whom I trust ! Turn me your eyes of deepest, starry blue. For one of those deep glances that you send, I’d lift the veil of darkest joys for you And rock you in a dream that has no end.” But then Hippolyta raised up her head, “No blame nor base ingratitude I feel, But, as it were, a kind of nauseous dread After some terrible, nocturnal meal. I feel a swooping terror that explodes In legions of black ghosts towards me speeding Who crowd me on to swiftly moving roads, That, sliced by sheer horizons, end up bleeding. Have we done something monstrous that I tremble ? Explain, then, if you can ; for when you say, ‘Angel’, I cower. Yet I cannot dissemble That, when you speak, my lips are drawn your way. Oh, do not fix me with a stare so steady You whom I love till death in still submission, Yes, even though you, like an ambush ready, Are the beginning of my own perdition.” Then Delphine stamped and shook her tragic mane, And, like a priestess, foaming and fierce, and fell, Spoke in a lordly and prophetic strain – “Who dares, in front of Love, to mention Hell ? Curbed forever be that useless dreamer Who first imagined, in his brutish mind, Of sheer futility the fatuous schemer, Honour with Love could ever be combined. He who in mystic union would enmesh Shadow with warmth, and daytime with the night, Will never warm his paralytic flesh At the red sun of amorous delight. Go, if you wish, and seek some boorish lover : Offer your virgin heart to his crude hold, Full of remorse and horror you’ll recover, And bring me your scarred breast to be consoled... Down here, a soul can only serve one master.” But the girl, venting her tremendous woe, Cried out “I feel a huge pit of disaster Yawning within : it is my heart, I know ! Like a volcano burning, deep as death, There’s naught that groaning monster can assuage Nor quench of thirst the Fury’s burning breath Who brands it with a torch to make it rage. Let our closed curtains isolate the rest, Until exhaustion bring us sleep, while I Annihilate myself upon your breast And find in you a tomb on which to die.” Go down, go down, poor victims, it is time ; The road to endless hell awaits your lusts. Plunge to the bottom of the gulf, where crime Is flagellated by infernal gusts. Swirling pell-mell, and with a tempest’s roar, Mad shades, pursue your craving without measure : Your rages will be sated nevermore, Your torture is begotten of your pleasure. No sunbeam through your dungeon will come leaking : Only miasmic fevers, through each chink, Will filter, like sick lanterns, redly streaking, And penetrate your bodies with their stink. The harsh sterility of all you relish Will swell your thirst, and turn you both to hags. The wind of your desire, with fury hellish Will flog your flapping carrion like wet flags. Far from live folk, like werewolves howling high, Gallop the boundless deserts you unroll. Fulfill your doom, disordered minds, and fly The infinite you carry in your soul. – Roy Campbell, 1952 |
Charles Baudelaire Les Fleurs du Mal |