007 Livre Charles Baudelaire Les Fleurs du Mal 1868 |
SPLEEN ET IDÉAL |
LXI vers pour le portrait D’HONORÉ DAUMIER Celui dont nous t’offrons l’image, Et dont l’art, subtil entre tous, Nous enseigne à rire de nous, Celui-là, lecteur, est un sage. C’est un satirique, un moqueur ; Mais l’énergie avec laquelle Il peint le Mal et sa séquelle Prouve la beauté de son cœur. Son rire n’est pas la grimace De Melmoth ou de Méphisto Sous la torche de l’Alecto Qui les brûle, mais qui nous glace. Leur rire, hélas ! de la gaîté N’est que la douloureuse charge ; Le sien rayonne, franc et large, Comme un signe de sa bonté ! |
Vers pour le portrait de M. Honoré Daumier (1868) Celui dont nous t’offrons l’image, Et dont l’art, subtil entre tous, Nous enseigne à rire de nous, Celui-là, lecteur, est un sage. C’est un satirique, un moqueur ; Mais l’énergie avec laquelle Il peint le Mal et sa séquelle Prouve la beauté de son coeur. Son rire n’est pas la grimace De Melmoth ou de Méphisto Sous la torche de l’Alecto Qui les brûle, mais qui nous glace, Leur rire, hélas ! de la gaieté N’est que la douloureuse charge ; Le sien rayonne, franc et large, Comme un signe de sa bonté ! Verses for the Portrait of M. Honoré Daumier He whose portrait we offer you, Whose art subtler than all others, Teaches us to laugh at ourselves, He is a sage, gentle reader. He’s a satirist, a scoffer ; But the power with which he paints Evil and his retinue Attests the beauty of his heart. His laughter is not the grimace Of Melmoth or of Mephisto Under Alecto’s torch which burns them But makes our blood run cold. Their laughter, alas ! is only A sad caricature of mirth ; His radiates, hearty and free, Like a symbol of his goodness ! – William Aggeler, 1954 Verses for Honoré Daumier’s Portrait The man whose image this presents, In art more subtle than the rest, Teaches us sagely, as is best, To chuckle at our own expense. In mockery he stands apart. His energy defies an equal In painting Evil and its sequel – Which proves the beauty of his heart – Melmoth or Mephostopheles, His mirth has naught akin to theirs. The flambeau of Alecto flares To singe them, while it makes us freeze. Their merriment they come to rue So steeped in treachery and guile, While his frank radiating smile Declares him to be good and true. – Roy Campbell, 1952 |
Charles Baudelaire Les Fleurs du Mal |