007 Livre Charles Baudelaire Les Fleurs du Mal 1868 |
SPLEEN ET IDÉAL |
XLVII L’AUBE SPIRITUELLE Quand chez les débauchés l’aube blanche et vermeille Entre en société de l’Idéal rongeur, Par l’opération d’un mystère vengeur Dans la brute assoupie un Ange se réveille. Des Cieux Spirituels l’inaccessible azur, Pour l’homme terrassé qui rêve encore et souffre, S’ouvre et s’enfonce avec l’attirance du gouffre. Ainsi, chère Déesse, Être lucide et pur, Sur les débris fumeux des stupides orgies Ton souvenir plus clair, plus rose, plus charmant, À mes yeux agrandis voltige incessamment. Le soleil a noirci la flamme des bougies ; Ainsi, toujours vainqueur, ton fantôme est pareil, Âme resplendissante, à l’immortel Soleil ! |
L’Aube spirituelle Quand chez les débauchés l’aube blanche et vermeille Entre en société de l’Idéal rongeur, Par l’opération d’un mystère vengeur Dans la brute assoupie un ange se réveille. Des Cieux Spirituels l’inaccessible azur, Pour l’homme terrassé qui rêve encore et souffre, S’ouvre et s’enfonce avec l’attirance du gouffre. Ainsi, chère Déesse, Être lucide et pur, Sur les débris fumeux des stupides orgies Ton souvenir plus clair, plus rose, plus charmant, À mes yeux agrandis voltige incessamment. Le soleil a noirci la flamme des bougies ; Ainsi, toujours vainqueur, ton fantôme est pareil, Âme resplendissante, à l’immortel soleil ! Spiritual Dawn When debauchees are roused by the white, rosy dawn, Escorted by the Ideal which gnaws at their hearts Through the action of a mysterious, vengeful law, In the somnolent brute an Angel awakens. The inaccessible blue of Spiritual Heavens, For the man thrown to earth who suffers and still dreams, Opens and yawns with the lure of the abyss. Thus, dear Goddess, Being, lucid and pure, Over the smoking ruins of stupid orgies, Your memory, clearer, more rosy, more charming, Hovers incessantly before my widened eyes. The sunlight has darkened the flame of the candles ; Thus, ever triumphant, resplendent soul ! Your phantom is like the immortal sun ! – William Aggeler, 1954 Spiritual Dawn When in the company of the Ideal (That gnawing tooth) Dawn enters, white and pink, The rooms of rakes – each sated beast can feel An Angel waking through the fumes of drink. For downcast Man, who dreams and suffers still, The azure of the mystic heaven above, With gulf-like vertigo, attracts his will. So, Goddess, lucid Being of pure love, Over the smoking wreck of feasts and scandals, Your phantom, rosy and enchanting, flies And still returns to my dilated eyes. The sun has blackened out the flame of candles. So your victorious phantom seems as one, O blazing spirit, with the deathless Sun ! – Roy Campbell, 1952 |
Charles Baudelaire Les Fleurs du Mal |