007 Livre
Charles Baudelaire
Les Fleurs du Mal
1868
SPLEEN ET IDÉAL
XLIV

LE FLAMBEAU VIVANT

Ils marchent devant moi, ces Yeux pleins de lumières,
Qu’un Ange très-savant a sans doute aimantés ;
Ils marchent, ces divins frères qui sont mes frères,
Secouant dans mes yeux leurs feux diamantés.

Me sauvant de tout piége et de tout péché grave,
Ils conduisent mes pas dans la route du Beau ;
Ils sont mes serviteurs et je suis leur esclave ;
Tout mon être obéit à ce vivant flambeau.

Charmants Yeux, vous brillez de la clarté mystique
Qu’ont les cierges brûlant en plein jour ; le soleil
Rougit, mais n’éteint pas leur flamme fantastique ;

Ils célèbrent la Mort, vous chantez le Réveil ;
Vous marchez en chantant le réveil de mon âme,
Astres dont nul soleil ne peut flétrir la flamme !
 
Le Flambeau vivant

Ils marchent devant moi, ces Yeux pleins de lumières,
Qu’un Ange très savant a sans doute aimantés
Ils marchent, ces divins frères qui sont mes frères,
Secouant dans mes yeux leurs feux diamantés.

Me sauvant de tout piège et de tout péché grave,
Ils conduisent mes pas dans la route du Beau
Ils sont mes serviteurs et je suis leur esclave
Tout mon être obéit à ce vivant flambeau.

Charmants Yeux, vous brillez de la clarté mystique
Qu’ont les cierges brûlant en plein jour ; le soleil
Rougit, mais n’éteint pas leur flamme fantastique ;

Ils célèbrent la Mort, vous chantez le Réveil
Vous marchez en chantant le réveil de mon âme,
Astres dont nul soleil ne peut flétrir la flamme!




The Living Torch

They walk in front of me, those eyes aglow with light
Which a learned Angel has rendered magnetic ;
They walk, divine brothers who are my brothers too,
Casting into my eyes diamond scintillations.
They save me from all snares and from all grievous sin ;
They guide my steps along the pathway of Beauty ;
They are my servitors, I am their humble slave ;
My whole being obeys this living torch.
Bewitching eyes, you shine like mystical candles
That burn in broad daylight ; the sun
Reddens, but does not quench their eerie flame ;
While they celebrate Death, you sing the Awakening ;
You walk, singing the awakening of my soul,
Bright stars whose flame no sun can pale !
– William Aggeler, 1954



The Living Torch

Those lit eyes go before me, in full view,
(Some cunning angel magnetised their light) –
Heavenly twins, yet my own brothers too,
Shaking their diamond blaze into my sight.
My steps from every trap or sin to save,
In the strait road of Beauty they conduct me.
They are my servants, and I am their slave,
Obedient in whatever they instruct me.
Delightful eyes, you burn with mystic rays
Like candles in broad day ; red suns may blaze,
But cannot quench their still, fantastic light.
Those candles burn for death, but you for waking :
You sing the dawn that in my soul is breaking,
Stars which no sun could ever put to flight !
– Roy Campbell, 1952
 
Charles Baudelaire
Les Fleurs du Mal