007 Livre
Charles Baudelaire
Les Fleurs du Mal
1868
SPLEEN ET IDÉAL
XXXV

LE CHAT

Viens, mon beau chat, sur mon cœur amoureux ;
Retiens les griffes de ta patte,
Et laisse-moi plonger dans tes beaux yeux,
Mêlés de métal et d’agate.

Lorsque mes doigts caressent à loisir
Ta tête et ton dos élastique,
Et que ma main s’enivre du plaisir
De palper ton corps électrique,

Je vois ma femme en esprit. Son regard,
Comme le tien, aimable bête,
Profond et froid, coupe et fend comme un dard,

Et, des pieds jusques à la tête,
Un air subtil, un dangereux parfum,
Nagent autour de son corps brun.
 
Le Chat

Viens, mon beau chat, sur mon coeur amoureux ;
Retiens les griffes de ta patte,
Et laisse-moi plonger dans tes beaux yeux,
Mêlés de métal et d’agate.

Lorsque mes doigts caressent à loisir
Ta tête et ton dos élastique,
Et que ma main s’enivre du plaisir
De palper ton corps électrique,

Je vois ma femme en esprit. Son regard,
Comme le tien, aimable bête
Profond et froid, coupe et fend comme un dard,

Et, des pieds jusques à la tête,
Un air subtil, un dangereux parfum
Nagent autour de son corps brun.





The Cat

Come, superb cat, to my amorous heart ;
Hold back the talons of your paws,
Let me gaze into your beautiful eyes
Of metal and agate.
When my fingers leisurely caress you,
Your head and your elastic back,
And when my hand tingles with the pleasure
Of feeling your electric body,
In spirit I see my woman. Her gaze
Like your own, amiable beast,
Profound and cold, cuts and cleaves like a dart,
And, from her head down to her feet,
A subtle air, a dangerous perfume
Floats about her dusky body.
– William Aggeler, 1954


The Cat

Come, my fine cat, against my loving heart ;
Sheathe your sharp claws, and settle.
And let my eyes into your pupils dart
Where agate sparks with metal.
Now while my fingertips caress at leisure
Your head and wiry curves,
And that my hand’s elated with the pleasure
Of your electric nerves,
I think about my woman – how her glances
Like yours, dear beast, deep-down
And cold, can cut and wound one as with lances ;
Then, too, she has that vagrant
And subtle air of danger that makes fragrant
Her body, lithe and brown.
– Roy Campbell, 1952
 
Charles Baudelaire
Les Fleurs du Mal