007 Livre
Charles Baudelaire
Les Fleurs du Mal
1868
SPLEEN ET IDÉAL
XXVIII

Avec ses vêtements ondoyants et nacrés

Avec ses vêtements ondoyants et nacrés,
Même quand elle marche on croirait qu’elle danse,
Comme ces longs serpents que les jongleurs sacrés
Au bout de leurs bâtons agitent en cadence.

Comme le sable morne et l’azur des déserts,
Insensibles tous deux à l’humaine souffrance,
Comme les longs réseaux de la houle des mers,
Elle se développe avec indifférence.

Ses yeux polis sont faits de minéraux charmants,
Et dans cette nature étrange et symbolique
Où l’ange inviolé se mêle au sphinx antique,

Où tout n’est qu’or, acier, lumière et diamants,
Resplendit à jamais, comme un astre inutile,
La froide majesté de la femme stérile.
 
Avec ses vêtements ondoyants et nacrés

Avec ses vêtements ondoyants et nacrés,
Même quand elle marche on croirait qu’elle danse,
Comme ces longs serpents que les jongleurs sacrés
Au bout de leurs bâtons agitent en cadence.

Comme le sable morne et l’azur des déserts,
Insensibles tous deux à l’humaine souffrance
Comme les longs réseaux de la houle des mers
Elle se développe avec indifférence.

Ses yeux polis sont faits de minéraux charmants,
Et dans cette nature étrange et symbolique
Où l’ange inviolé se mêle au sphinx antique,

Où tout n’est qu’or, acier, lumière et diamants,
Resplendit à jamais, comme un astre inutile,
La froide majesté de la femme stérile.




With Her Pearly, Undulating Dresses

With her pearly, undulating dresses,
Even when she’s walking, she seems to be dancing
Like those long snakes which the holy fakirs
Set swaying in cadence on the end of their staffs.
Like the dull sand and the blue of deserts,
Both of them unfeeling toward human suffering,
Like the long web of the ocean’s billows,
She unfurls herself with unconcern.
Her glossy eyes are made of charming minerals
And in that nature, symbolic and strange,
Where pure angel is united with ancient sphinx,
Where everything is gold, steel, light and diamonds,
There glitters forever, like a useless star,
The frigid majesty of the sterile woman.
– William Aggeler, 1954



With Waving Opalescence in Her Gown

With waving opalescence in her gown,
Even when she walks along, you think she’s dancing.
Like those long snakes which charmers, while entrancing,
Wave with their wands, in cadence, up and down.
Like the sad sands of deserts and their skies,
By human sufferings untouched and free,
Or like the surfy curtains of the sea,
She flaunts a cold indifference. Her eyes
Are made of charming minerals well-burnished.
Her nature, both by sphynx and angel furnished,
Is old, intact, symbolic, and bizarre :
She seems, made all of gems, steel, light, and gold,
In barrenness, majestic, hard, and cold,
To blaze forever, like a useless star.
– Roy Campbell, 1952
 
Charles Baudelaire
Les Fleurs du Mal