007 Livre Charles Baudelaire Les Fleurs du Mal 1868 |
SPLEEN ET IDÉAL |
XXVII SED NON SATIATA Bizarre déité, brune comme les nuits, Au parfum mélangé de musc et de havane, Œuvre de quelque obi, le Faust de la savane, Sorcière au flanc d’ébène, enfant des noirs minuits, Je préfère au constance, à l’opium, au nuits, L’élixir de ta bouche où l’amour se pavane ; Quand vers toi mes désirs partent en caravane, Tes yeux sont la citerne où boivent mes ennuis. Par ces deux grands yeux noirs, soupiraux de ton âme, Ô démon sans pitié ! verse-moi moins de flamme ; Je ne suis pas le Styx pour t’embrasser neuf fois, Hélas ! et je ne puis, Mégère libertine, Pour briser ton courage et te mettre aux abois, Dans l’enfer de ton lit devenir Proserpine ! |
Sed non satiata Bizarre déité, brune comme les nuits, Au parfum mélangé de musc et de havane, Oeuvre de quelque obi, le Faust de la savane, Sorcière au flanc d’ébène, enfant des noirs minuits, Je préfère au constance, à l’opium, au nuits, L’élixir de ta bouche où l’amour se pavane ; Quand vers toi mes désirs partent en caravane, Tes yeux sont la citerne où boivent mes ennuis. Par ces deux grands yeux noirs, soupiraux de ton âme, Ô démon sans pitié ! verse-moi moins de flamme; Je ne suis pas le Styx pour t’embrasser neuf fois, Hélas ! et je ne puis, Mégère libertine, Pour briser ton courage et te mettre aux abois, Dans l’enfer de ton lit devenir Proserpine ! Unslakeable Lust Singular deity, brown as the nights, Scented with the perfume of Havana and musk, Work of some obeah, Faust of the savanna, Witch with ebony flanks, child of the black midnight, I prefer to constance, to opium, to nuits, The nectar of your mouth upon which love parades ; When toward you my desires set out in caravan, Your eyes are the cistern that gives drink to my cares. Through those two great black eyes, the outlets of your soul, O pitiless demon ! pour upon me less flame ; I’m not the River Styx to embrace you nine times, Alas ! and I cannot, licentious Megaera, To break your spirit and bring you to bay In the hell of your bed turn into Proserpine ! – William Aggeler, 1954 Sed non Satiata Strange goddess, brown as evening to the sight, Whose scent is half of musk, half of havanah, Work of some obi, Faust of the Savanah, Ebony witch, and daughter of the night. By far preferred to troth, or drugs, or sleep, Love vaunts the red elixir of your mouth. My caravan of longings seeks in drouth Your eyes, the wells at which my cares drink deep. Through those black eyes, by which your soul respires, Pitiless demon ! pour less scorching fires. I am no Styx nine times with flame to wed. Nor can I turn myself to Proserpine To break your spell, Megera libertine ! Within the dark inferno of your bed. – Roy Campbell, 1952 |
Charles Baudelaire Les Fleurs du Mal |