007 Livre
Charles Baudelaire
Les Fleurs du Mal
1868
SPLEEN ET IDÉAL
XXV

Je t’adore à l’égal de la voûte nocturne

Je t’adore à l’égal de la voûte nocturne,
Ô vase de tristesse, ô grande taciturne,
Et t’aime d’autant plus, belle, que tu me fuis,
Et que tu me parais, ornement de mes nuits,
Plus ironiquement accumuler les lieues
Qui séparent mes bras des immensités bleues.

Je m’avance à l’attaque, et je grimpe aux assauts,
Comme après un cadavre un chœur de vermisseaux,
Et je chéris, ô bête implacable et cruelle !
Jusqu’à cette froideur par où tu m’es plus belle !
 
Je t’adore à l’égal de la voûte nocturne

Je t’adore à l’égal de la voûte nocturne,
Ô vase de tristesse, ô grande taciturne,
Et t’aime d’autant plus, belle, que tu me fuis,
Et que tu me parais, ornement de mes nuits,
Plus ironiquement accumuler les lieues
Qui séparent mes bras des immensités bleues.

Je m’avance à l’attaque, et je grimpe aux assauts,
Comme après un cadavre un choeur de vermisseaux,
Et je chéris, ô bête implacable et cruelle !
Jusqu’à cette froideur par où tu m’es plus belle !




I Adore You as Much as the Nocturnal Vault...

I adore you as much as the nocturnal vault,
O vase of sadness, most taciturn one,
I love you all the more because you flee from me,
And because you appear, ornament of my nights,
More ironically to multiply the leagues
That separate my arms from the blue infinite.
I advance to attack, and I climb to assault,
Like a swarm of maggots after a cadaver,
And I cherish, implacable and cruel beast,
Even that coldness which makes you more beautiful.
– William Aggeler, 1954


More Than Night’s Vault, It’s You That I Adore

More than night’s vault, it’s you that I adore,
Vessel of sorrow, silent one, the more
Because you flee from me, and seem to place,
Ornament of my nights ! more leagues of space
Ironically between me and you
Than part me from these vastitudes of blue.
I charge, attack, and mount to the assault
As worms attack a corpse within a vault.
And cherish even the coldness that you boast,
By which, harsh beast, you subjugate me most.
– Roy Campbell, 1952
 
Charles Baudelaire
Les Fleurs du Mal