007 Livre
Charles Baudelaire
Les Fleurs du Mal
1868
SPLEEN ET IDÉAL
XXIII

PARFUM EXOTIQUE

Quand, les deux yeux fermés, en un soir chaud d’automne,
Je respire l’odeur de ton sein chaleureux,
Je vois se dérouler des rivages heureux
Qu’éblouissent les feux d’un soleil monotone ;

Une île paresseuse où la nature donne
Des arbres singuliers et des fruits savoureux ;
Des hommes dont le corps est mince et vigoureux,
Et des femmes dont l’œil par sa franchise étonne.

Guidé par ton odeur vers de charmants climats,
Je vois un port rempli de voiles et de mâts
Encor tout fatigués par la vague marine,

Pendant que le parfum des verts tamariniers,
Qui circule dans l’air et m’enfle la narine,
Se mêle dans mon âme au chant des mariniers.
 
Parfum exotique

Quand, les deux yeux fermés, en un soir chaud d’automne,
Je respire l’odeur de ton sein chaleureux,
Je vois se dérouler des rivages heureux
Qu’éblouissent les feux d’un soleil monotone ;

Une île paresseuse où la nature donne
Des arbres singuliers et des fruits savoureux ;
Des hommes dont le corps est mince et vigoureux,
Et des femmes dont l’oeil par sa franchise étonne.

Guidé par ton odeur vers de charmants climats,
Je vois un port rempli de voiles et de mâts
Encor tout fatigués par la vague marine,

Pendant que le parfum des verts tamariniers,
Qui circule dans l’air et m’enfle la narine,
Se mêle dans mon âme au chant des mariniers.




Exotic Perfume

When, with both my eyes closed, on a hot autumn night,
I inhale the fragrance of your warm breast
I see happy shores spread out before me,
On which shines a dazzling and monotonous sun ;
A lazy isle to which nature has given
Singular trees, savory fruits,
Men with bodies vigorous and slender,
And women in whose eyes shines a startling candor.
Guided by your fragrance to these charming countries,
I see a port filled with sails and rigging
Still utterly wearied by the waves of the sea,
While the perfume of the green tamarinds,
That permeates the air, and elates my nostrils,
Is mingled in my soul with the sailors’ chanteys.
– William Aggeler, 1954



Exotic Perfume

When I, with eyes shut, on warm autumn eves,
The fragrance of your warmer breast respire,
I see a country bathed in solar fire
Whose happy shores its lustre never leaves ;
An isle of indolence, where nature raises
Singular trees and fruits both sweet and tender,
Where men have bodies vigorous and slender
And women’s eyes a candour that amazes.
Led by your scent to fairer climes at last,
I see a port of sails, where every mast
Seems weary of the labours of its cruise ;
While scents of tamarind, blown here and there,
Swelling my nostrils as they rinse the air,
Are mingled with the chanties of the crews.
– Roy Campbell, 1952
 
Charles Baudelaire
Les Fleurs du Mal