007 Livre Charles Baudelaire Les Fleurs du Mal 1868 |
SPLEEN ET IDÉAL |
IV CORRESPONDANCES La Nature est un temple où de vivants piliers Laissent parfois sortir de confuses paroles ; L’homme y passe à travers des forêts de symboles Qui l’observent avec des regards familiers. Comme de longs échos qui de loin se confondent Dans une ténébreuse et profonde unité, Vaste comme la nuit et comme la clarté, Les parfums, les couleurs et les sons se répondent. Il est des parfums frais comme des chairs d’enfants, Doux comme les hautbois, verts comme les prairies, — Et d’autres, corrompus, riches et triomphants, Ayant l’expansion des choses infinies, Comme l’ambre, le musc, le benjoin et l’encens, Qui chantent les transports de l’esprit et des sens. |
Correspondances La Nature est un temple où de vivants piliers Laissent parfois sortir de confuses paroles ; L’homme y passe à travers des forêts de symboles Qui l’observent avec des regards familiers. Comme de longs échos qui de loin se confondent Dans une ténébreuse et profonde unité, Vaste comme la nuit et comme la clarté, Les parfums, les couleurs et les sons se répondent. II est des parfums frais comme des chairs d’enfants, Doux comme les hautbois, verts comme les prairies, – Et d’autres, corrompus, riches et triomphants, Ayant l’expansion des choses infinies, Comme l’ambre, le musc, le benjoin et l’encens, Qui chantent les transports de l’esprit et des sens. Correspondences Nature is a temple in which living pillars Sometimes give voice to confused words ; Man passes there through forests of symbols Which look at him with understanding eyes. Like prolonged echoes mingling in the distance In a deep and tenebrous unity, Vast as the dark of night and as the light of day, Perfumes, sounds, and colors correspond. There are perfumes as cool as the flesh of children, Sweet as oboes, green as meadows – And others are corrupt, and rich, triumphant, With power to expand into infinity, Like amber and incense, musk, benzoin, That sing the ecstasy of the soul and senses. – William Aggeler, 1954 Correspondences Nature’s a temple where each living column, At times, gives forth vague words. There Man advances Through forest-groves of symbols, strange and solemn, Who follow him with their familiar glances. As long-drawn echoes mingle and transfuse Till in a deep, dark unison they swoon, Vast as the night or as the vault of noon – So are commingled perfumes, sounds, and hues. There can be perfumes cool as children’s flesh, Like fiddIes, sweet, like meadows greenly fresh. Rich, complex, and triumphant, others roll With the vast range of all non-finite things – Amber, musk, incense, benjamin, each sings The transports of the senses and the soul. – Roy Campbell, 1952 |
Charles Baudelaire Les Fleurs du Mal |