DIPLÔME APPROFONDI DE LANGUE FRANÇAISE
2 domaines au choix du candidat : lettres et sciences humaines, sciences

DALF C2 - Lettres et sciences humaines
Niveau C2 du Cadre européen commun de référence pour les langues
 
Exemple 3
 
2) Compréhension et production écrites
ÉPREUVE COLLECTIVE / DURÉE / NOTE SUR
Production d’un texte structuré (article, éditorial, rapport, discours…) à partir d’un dossier de documents d’environ 2 000 mots.
3 heures 30
/50
DOSSIER
BÂTIR L’ÉCOLE DU XXIe SIÈCLE
Lisez les documents suivants.
 
DOCUMENT 1

Faut-il enseigner l’informatique à l’école primaire ? Et comment ?

La question n’est plus de savoir s’il faut apprendre l’informatique et son langage, mais de savoir comment, pour quels usages, et à quelle étape du cursus le faire. […]

Un curseur qu’on a du mal à placer
L’apprentissage du code et plus largement d’une culture générale du numérique à l’école est une mesure réclamée depuis longtemps par l’Académie des sciences, soutenue par des acteurs qui comptent dans le secteur
numérique. […] Selon un sondage publié en mai dernier par BVA (société française de sondages) et le Syntec
Numérique (fédération professionnelle du secteur informatique) favorable à la mesure, 87 % des Français
seraient même d’accord pour que la programmation informatique soient enseignée à l’école (24 % à partir du
primaire, 41 % à partir du collège).
Mais cette initiative suscite par ailleurs beaucoup de réticences. On entend souvent l’argument selon lequel
on n’a pas besoin de connaître la mécanique pour apprendre à conduire. Le nombre insuffisant de professeurs
formés est également un frein pour beaucoup d’adversaires de cette mesure, qui la jugent inapplicable.
Entre ceux qui ne jurent que par l’introduction de l’informatique dans l’enseignement obligatoire, et ceux qui
ont peur que l’on veuille transformer le primaire en une grande école d’informatique, il existe pourtant des
pistes pour initier les enseignants et favoriser un passage du périscolaire au scolaire, sans avoir à attendre une
réforme du socle commun* qui prendra des années. L’action de la fondation La Main à la pâte, qui œuvre de-
puis près de 20 ans pour enseigner la science différemment à l’école, est un exemple dont on pourrait s’inspirer.

La Main à la pâte, au service de la science à l’école depuis 20 ans
La Fondation La Main à la pâte a été créée en 2011, dans la continuité de l’opération du même nom lancée en
1995 par l’Académie des sciences à l’initiative du prix Nobel de physique, Georges Charpak. Cette action avait
pour objectif, dès l’origine, d’aider les professeurs à enseigner la science et la technologie en mettant en œuvre
une pédagogie privilégiant l’expérimentation, la discussion, une pratique active et collective. L’idée était de
stimuler chez les élèves l’esprit scientifique et les capacités d’expression, de favoriser leur compréhension du
monde, et de leur permettre de mieux jouer leur rôle de citoyen en proposant des projets pédagogiques orientés
vers des questions de société (éducation à la santé, au développement durable...). Chacun de ces projets touche
en moyenne 10 000 classes. Un beau succès.
Une des originalités de la fondation est d’impliquer la communauté scientifique dans la création des ressources
pédagogiques, l’accompagnement des classes et la formation continue des enseignants. « Ce qui n’a l’air de
rien mais constituait une véritable révolution de palais à l’époque, au ministère de l’éducation nationale »,
confie David Wilgenbus, responsable du secteur production de ressources à La Main à la pâte.
Un enseignement fondé sur l’expérimentation et la pratique, des objectifs d’apprentissage transversaux, des
actions tournées en priorité vers la formation continue des enseignants, menées en collaboration avec la com-
munauté scientifique et professionnelle : le travail de défrichage réalisé par la fondation dans le domaine des
sciences pourrait s’appliquer parfaitement à la problématique de l’enseignement de la culture informatique

Un premier programme dans deux ans
À vrai dire, La main à la pâte a déjà commencé à réfléchir à la question. Depuis un peu plus de trois ans, elle
a commencé à s’intéresser à l’enseignement des mathématiques en lien avec les sciences et la technologie, et,
depuis deux ans, aux sciences cognitives, sous l’angle de l’éducation à la santé. En partenariat avec l’INPES
(Institut National de Prévention et d’Éducation pour la Santé), elle a mis en place un programme sur l’addiction
aux écrans, qui aborde le fonctionnement du cerveau, à la limite des neurosciences. Il a rencontré un grand
succès dans les écoles. Plusieurs milliers de classes ont participé à ce projet.
« On s’est alors dit que le terrain commençait à être favorable pour l’informatique », raconte David
Wilgenbus. « Le numérique est un pan de la science. Ce ne sont pas des mathématiques appliquées, ni juste de
la programmation, ni de l’électronique. » Un projet sortira dans deux ans, en partenariat avec l’INRIA (Institut
National de Recherche en Informatique et en Automatique). En attendant, de petites formations d’initiation à
l’algorithmique et au langage informatique, ont été réalisées, pour les professeurs des écoles et des collèges, les
inspecteurs et les formateurs d’IUFM (Institut Universitaire de Formation des Maîtres).

Le but n’est pas de fabriquer une génération d’ingénieurs informaticiens
« Le but n’est pas de fabriquer une génération d’ingénieurs informaticiens, explique David Wilgenbus. Notre
pays a intérêt à développer la culture technique et scientifique. Nous vivons dans un monde interconnecté, mais
rares sont les personnes qui comprennent comment ça marche. Une conséquence, par exemple, est de ne pas
connaître les risques que l’on encourt, notamment en termes de protection des données. L’idée est aussi de
ne pas être passif dans ses usages de la technologie. Une machine, ça se contrôle, ça obéit à des instructions.
Mais trop de gens sont encore désarmés face aux ordinateurs. »
Il s’agit vraiment d’introduire l’informatique dans la culture générale. « À l’école, on apprend plein de choses
qui ne servent à rien dans la vie de tous les jours mais qui fondent une culture et un référentiel commun. La
science en fait partie. »

Un enseignement scolaire pour créer des liens entre les matières
À cet égard, l’apprentissage du code, qui plus est en périscolaire, est limitatif. « L’avantage d’un enseignement
à l’école, ce sont les liens avec les autres matières, les ponts que sont capables de faire les professeurs. Étu-
dier la différence entre un langage naturel et un langage informatique, c’est intéressant quand on enseigne le
français. Pareil pour les mathématiques », poursuit David Wilgenbus. Cette notion est très importante. Etymo-
logiquement, l’intelligence, c’est la capacité à faire des liens. […]
Par Raphaële Karayan, L’Express
* socle commun : le socle commun de connaissances et de compétences présente tout ce qu’un élève doit savoir à la fin de la scolarité
obligatoire.
 
DOCUMENT 2

L’école doit s’adapter au XXIe siècle

Du fait de la progression démographique et du développement des classes moyennes dans le monde, les systèmes éducatifs vont devoir former, d’ici à 2050, autant d’étudiants que durant toute l’histoire de l’humanité
réunie. D’ici là, « l’infosphère » continuera son expansion vertigineuse ; la masse de connaissances double déjà
tous les deux ans. Il est donc grand temps d’anticiper et de repenser la valeur ajoutée de l’enseignement futur.
L’éducation est censée préparer la jeune génération à l’avenir. Mais le fait-elle encore ? Imparfaitement, en
tout cas. Une preuve en est que deux millions d’emplois en Europe, nécessitant des compétences scientifiques
et technologiques, ne sont pas pourvus ; rien que dans le secteur informatique, il manque cent mille program-
meurs. […]
Pour de multiples raisons, l’éducation s’est focalisée sur la spécialisation. Or la grande majorité des jeunes
n’auront pas « un » emploi mais « des » emplois tout au long de leur vie, surtout si l’on considère l’accélération
des technologies et le fait que les enfants qui terminent leurs études maintenant ne seront à la retraite qu’après
2070. Même à l’université, les études sont trop focalisées et seuls 5 % des étudiants qui ont un doctorat occu-
peront une fonction académique. Les autres seront-ils pour autant formés à un métier ? On en doute. Trop se
spécialiser dans un environnement qui change sans cesse, c’est comme rouler vite avec des œillères. […]
Dorénavant, il faut que l’enseignement s’intéresse à plusieurs disciplines à la fois. Même si l’on admet que
l’innovation sera au rendez-vous, à la croisée des technologies – les nano-, bio-, info-, neuro-,… – on oublie
encore qu’il faut être capable d’intégrer en même temps les aspects sociétaux, culturels et autres. Alors pour-
quoi ne pas commencer dès l’école ? Par exemple, l’énergie, la santé, les transports ou le climat peuvent être
des thèmes de synthèse intégrant la géographie, l’histoire, la chimie, les mathématiques, la physique… tout en
étant déclinés sous l’aspect culturel, artistique, juridique, politique ou économique.
Pour pallier le manque de compétences transversales, la créativité dans les salles de classe de tous âges pourrait
être le fait des élèves eux-mêmes, en devenant des « proconsommateurs » – producteurs et consommateurs – de
connaissances. Ceci pourrait donner lieu à des jeux interactifs, qui sont un excellent moyen de mémorisation.
Cela permettrait enfin de donner plus de sens – comme un lien avec la vie de tous les jours – à des matières
qui peuvent être rédhibitoires. En effet, il n’y a pas seulement un problème de contenu, il y a aussi la façon
d’enseigner et la motivation d’une finalité. […]
La gestion de la complexité sera bien le défi majeur du XXIe siècle. Si l’éducation préparait à « un » avenir, il
faudra qu’elle prépare dès à présent à « des » avenirs. […] Qu’en est-il en effet d’une société du savoir si elle
n’est pas savante ?

Par Didier Schmitt (conseiller scientifique auprès du président de la Commission européenne), Le Monde.fr
 
DOCUMENT 3

L’école ne peut plus être ce qu’elle a été

On ne peut plus repenser le contenu d’une culture scolaire commune en se référant à ce qui existe ou a existé.
Nous vivons dans un univers bouleversé par les révolutions scientifiques et technologiques, par de nouvelles
pratiques culturelles. L’évolution du monde nous oblige à nous ouvrir à une multitude de cultures et de visions.
Nous devons nous envisager autant comme citoyens du monde que comme héritiers d’une vieille nation.
L’évolution de la famille et ses conséquences sur l’éducation des enfants participent également de ce renouvellement. Il faut prendre la mesure de ces bouleversements pour repenser les contenus scolaires, les manières de
les enseigner et de les apprendre. « Lire, écrire, compter » ne sont plus les seuls apprentissages indispensables.
Nous devons apprendre une multitude de langages : scientifiques tels le numérique, les langues étrangères, les
langages des sons et des images, le langage du corps. Communiquer et penser dans tant de langages impose
à l’individu contemporain d’entrer dans des systèmes et des réseaux qu’il doit comprendre et hiérarchiser. Il
doit en même temps acquérir des automatismes de lecture et de production d’oraux, d’écrits, d’images ou de
gestes. L’école doit former les enfants à se séparer de leur comportement d’usagers pour leur faire adopter une
position distanciée qui les aidera à considérer ces langages comme des objets et des véhicules du savoir. C’est
ce décentrage que notre système éducatif ne parvient pas à transmettre aux nombreux élèves en échec.
Par Denis Paget, L’Humanité
 
 
ÉPREUVE ÉCRITE

Sujets au choix : traitez un seul des 2 sujets.

Sujet 1 :
Vous rédigez un article pour le bulletin de l’association des parents d’élèves dont vous faites partie. Vous reconnaissez qu’au
XXIe siècle, l’école doit s’ouvrir aux technologies de l’information et de la communication (TIC) et préparer les futurs citoyens
à s’en servir efficacement. Cependant vous craignez que ceci ne se fasse au détriment de l’enseignement de certains savoirs
et de certaines valeurs et, surtout, pour des raisons financières.
À l’aide du dossier joint et d’apports personnels, vous rédigez un texte structuré dans lequel vous prenez clairement position
sur la question et proposez des solutions concrètes. Vous adoptez un style approprié et convaincant.

Sujet 2 :
Vous rédigez un article pour le dossier Les nouvelles valeurs de l’école, publié par votre université. Vous êtes convaincu(e)
que l’ouverture de l’école aux nouvelles technologies est une priorité indéniable. Certes, le rôle de l’école n’est pas de
former des techniciens, mais ce siècle est marqué par de profonds changements. L’école doit en tenir compte au moment de
repenser ses priorités.
À l’aide du dossier joint et d’apports personnels, vous rédigez un texte structuré dans lequel vous prenez clairement position
sur la question et proposez des solutions concrètes, en adoptant un style approprié et convaincant.
700 mots minimum

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