Grammaire Progressive Avancé |
Grammaire 2019 p156 -127- COMMUNICATION : MÉCANISMES ET NUANCES |
-127- COMMUNICATION : MÉCANISMES ET NUANCES |
DÉFINITION Dans une situation de communication, on ne répond pas aux questions simplement par « oui » ou par « non » ; il y a des manières différentes de répondre qui constituent des nuances et expriment les intentions de celui qui parle. Selon les mots qu'il utilise on peut dire : - qu'il adhère à ce qu'il dit : Oui, c'est tout à fait vrai. - qu'il prend de la distance par rapport à ce qu'il dit : Oui, c'est possible que ce soit vrai, - qu'il n'apparaît pas dans ce qu'il dit : Oui, c'est exact. |
LES NUANCES peuvent être utilisées dans de nombreux
cas. ■ Cas de l'affirmation et de la négation • La réponse peut être nuancée de la manière suivante : - Tu ne vas pas lui répéter ce que je t'ai dit ? - Bien sûr que non. - Certainement pas. - Non. - Mais pas du tout. - Absolument pas. - Sûrement pas. - Tu l'invites à ton anniversaire ? - Bien sûr que oui. - Certainement. - Oui. - Évidemment. - Naturellement. - Absolument • La nuance peut exprimer le doute, l'incertitude, le fait de ne pas savoir exactement. - Elle vient ? - Peut-être. - C'est possible. - Ce n'est pas impossible. - C'est à voir. - On verra bien. - Je ne sais pas. - Je n'en suis pas sûr. - Ça m'étonnerait (fort). - Qui sait ? - Dieu seul le sait. - Elle hésite. - Sans doute. p158 ■ Cas de ce qui « est », de ce qui « existe » (domaine de l'Être et du Réel). • À « être » et à « réel » s'opposent « ne pas être » et « irréel ». Entre ces pôles s'étend une continuité linguistique qui sert à exprimer l'incertitude, l'apparence : paraître, avoir l'air, sembler, avoir l'apparence de, ressembler à, etc. ÊTRE —► INCERTITUDE —► NE PAS ÊTRE - Elle est malade. - Elle paraît/semble malade. II semble qu'elle soit malade. Elle a l'air malade. On dirait qu'elle est malade. J'ai l'impression qu'elle est malade. - Elle a failli être malade. (mais elle ne l'a pas été) - Elle n'est pas malade. Elle est en bonne santé. ■ Cas du « croire » et du « savoir » (domaine de la pensée) • À « je crois » et « je sais » s'opposent « je ne crois pas » et « je ne sais pas » ou « j'ignore ». Entre ces pôles s'étend une continuité linguistique qui sert à exprimer le doute, l'incertitude : je doute, je ne suis pas sûr que, je me demande si, je ne crois pas que, etc. JE NE CROIS PAS, JE NE SAIS PAS —► INCERTITUDE —► JE CROIS, JE SAIS - J'ignore s'il a réussi. - Je doute qu'il ait réussi. Je me demande s'il a réussi. Je ne crois pas qu'il ait réussi. Il y a peu de chances pour qu'il ait réussi. - Il se peut qu'il ait réussi. - Il doit avoir réussi. - Je crois qu'il a réussi. - II y a des chances qu'il ait réussi. - Je sais qu'il a réussi. ■ Cas du « dire » et du « faire » • À « dire » et à « faire » s'opposent « ne pas dire » et « ne pas faire ». Entre les deux se trouvent toutes les nuances qui conduisent de l'un à l'autre. NE PAS DIRE —► NUANCES —► DIRE - Se taire. - Refuser de dire. Rester muet. Ne pas desserrer les dents. . Refuser de parler. - Ne pas oser dire. Hésiter à dire. - Suggérer. Insinuer. Prétendre p160 • Avant de « faire » ou « ne pas faire », il y a tout ce qui est lié au « vouloir », au « pouvoir » et au « devoir », qui est lié non pas à l'action, mais au sujet : au « je ». NUANCES —► JE - VEUX - PEUX - DOIS - —► FAIRE / NE PAS FAIRE - J'aimerais J'ai envie de Je voudrais Je pourrais J'ai la possibilité de - J'ai l'obligation Il faudrait Il faut • L'expression du « vouloir » peut se faire avec des verbes comme : avoir envie de, désirer, souhaiter, exiger, avoir l'intention de, etc. J'ai envie de partir loin, loin, très loin. J'ai l'intention de me présenter aux prochaines élections. ! Ces verbes construits avec « que » appellent le subjonctif : Je désire que vous restiez avec moi. J'exige que vous lui fassiez des excuses. • Entre « je peux » et « je ne peux pas », il existe des nuances. Je suis autorisé à... - Il m'est interdit de... J'ai le droit de... - II est défendu de... Il m'est permis de... - Une m'est pas permis de... ! La possibilité de « faire » ou de « ne pas faire » ne dépend pas de moi (je). Elle m'est imposée de l'extérieur. • L'expression de l'éventualité, du « pouvoir » peut se faire avec des verbes tels que : devoir, être en mesure de, être capable de, avoir la possibilité de, il est possible de/que, il se peut que, etc. Elle a dû manquer le dernier métro. Je suis en mesure de vous dire qui est coupable. Il se peut que vous ayez un virus. Le contraire « ne pas pouvoir » peut s'exprimer avec les verbes précédents à la forme négative et avec : avoir du mal à, avoir des difficultés à, ne pas avoir les moyens de, etc. Elle a du mal à récupérer de son opération. Il a des difficultés à comprendre que les temps ont changé. ! La possibilité appelle le subjonctif. La probabilité appelle l'indicatif. Il est possible qu'il guérisse. Je pense qu'il peut guérir (qu'il guérira). Il est probable qu'il guérira. Je pense qu'il guérira. p162 • « Devoir » est une modalisation polysémique : Je dois aller la voir une fois par semaine. = parce que c'est mon devoir d'y aller. Dans ce cas l'obligation vient du sujet « je ». Cette obligation correspond à une éthique personnelle. ou = parce que les circonstances extérieures me l'imposent. Dans ce cas l'obligation vient de l'extérieur (je dois y aller parce que ce jour-là le médecin vient, ordonne de nouveaux médicaments que je vais chercher, etc., ainsi a été prévue l'organisation...) • L'expression de l'obligation peut aussi se faire avec des tournures impersonnelles : il faut que, il est indispensable que, il est souhaitable que, il est impératif que, il vaut mieux que, etc. Comme avec « devoir » il faut utiliser le contexte pour savoir si l'obligation vient du « je » ou si elle est imposée par l'extérieur : Il faut que je parte tôt demain matin. = parce que c'est un but que je me suis fixé. ou = parce que les circonstances extérieures l'imposent. • « Je m'oblige à faire/à dire quelque chose » indique clairement que l'obligation vient du « je » mais l'obligation n'est pas liée à la morale mais correspond à des règles de vie que le sujet s'impose : Je m'oblige à boire du lait tous les jours, [parce qu'il contient du calcium qui est bon pour la santé]. • « Je suis obligé par quelqu'un de faire ou de dire quelque chose » indique clairement que l'obligation est imposée par l'extérieur : Il est obligé par sa société de faire un stage d'informatique tous les ans. • « Devoir » peut aussi exprimer la probabilité : Il est midi : il doit être arrivé, [il est très probable qu'il est arrivé]. Il est midi : il devrait arriver sans tarder, [il est très probable qu'il arrivera sans tarder]. p164 • « Faire » lié aux cinq sens : écouter, entendre, sentir, voir, regarder. Par exemple, entre « voir » et « ne pas voir » il existera des nuances. NE PAS VOIR —► NUANCES —►VOIR Ne pas vouloir voir - J'ai failli voir - Apercevoir - Ne pas hésiter à voir Se refuser à voir - Entrevoir Être aveuglé par - Hésiter à voir - Croire voir - Distinguer Je n'ai pas voulu voir l'ironie insolente qu'il y avait dans sa réponse. J'ai cru voir une lueur de haine briller dans son regard. J'ai entrevu sa silhouette. C'était suffisant pour la reconnaître. Je n'hésiterai pas à voir dans cette proposition de loi une manœuvre politique. ■ Cas du jugement de valeur, de l'appréciation • Jugements moraux, esthétiques, intellectuels - bien ≠ mal ; juste ≠ injuste ; confiance ≠ défiance ; etc. Il est injuste de faire payer les plus défavorisés. - beau ≠ laid : Je trouve ce tableau laid. - correct ≠ incorrect : Il n'est pas correct d'agir ainsi. - normal ≠ anormal : Il est normal de pouvoir s'exprimer. - opportun ≠ inopportun : // sera opportun de revoir la loi. - utile + inutile : Il est inutile de continuer les recherches. - vrai ≠ faux : Il est faux de dire que la réforme a été faite pour les défavorisés. ! La langue est pauvre en nuances intermédiaires. Cependant il en existe comme : ce n'est ni bien, ni mal - ce n'est ni juste, ni trop injuste - c'est quelconque - c'est entre les deux. - indifférent - etc. • Jugements sur les perceptions sensibles, les émotions, les sentiments - bon ≠ mauvais : C'est très bon. Pouah ! Infâme ! Très mauvais. - plaisir ≠ dégoût: Un vrai plaisir ! Le dégoût absolu ! - amour ≠ haine : C'est l'amour de ma vie. J'ai plus que de la haine envers lui. - joie ≠ tristesse : J'ai la très grande joie de vous annoncer que... - enthousiasme ≠ abattement : Après l'accident, elle était très abattue. - dynamisme ≠ apathie : Elle a un dynamisme extraordinaire ! - sympathie ≠ antipathie : J'ai plus que de la sympathie pour elle. ! La modalisation peut ne pas être exprimée par des éléments linguistiques. Elle sera alors exprimée par de « l'extra-linguistique » : intonation, geste, regard, etc. Vous vous en apercevrez bientôt. Phrase non marquée linguistiquement. Selon la situation de communication, cette phrase peut signifier une menace, un avertissement, une promesse, etc. |