ßçûêè :: Íîðâåæñêèé

 


  Norsk

Français

  SEKSTINIENDE (NIOGSEKSTIENDE) LEKSJON SOIXANTE-NEUVIÈME LEÇON
  En saga Une saga
     
1 Etter at Torbjørg ' Ulvsdatter var blitt 'bortført,
samlet gårdens 'menn seg under 'tuntreet for å 'drøfte fiendenes 'forslag. (1)(2)
Après que Torbjørg Ulvsdatter eut été enlevée (conduite au loin), les hommes de la ferme se réunirent sous l'arbre (de la cour) pour discuter [des] (les) propositions des ennemis.
2 For å 'frigi 'jenta de holdt 'fanget på 'Ytre 'Havvik... Pour libérer la [jeune] fille qu'ils gardaient prisonnière à Ytre Havvik,
3 ...krevde bandittene ti tønner 'mjød, 'tjue 'skinker,
et 'drageskip fylt med 'rug og 'to med 'hvete,
og 'Torbjørgs vekt i 'sild.
les bandits réclamaient dix tonneaux d'hydromel, vingt jambons,
un drakkar (bateau-dragon) plein de seigle et deux de froment, et le poids de Torbjørg en harengs.
4 'Ingen i 'flokken tok til 'orde for å 'bytte høvdingens 'omfangsrike 'forlovede mot så mange 'verdifulle 'varer. Personne dans le groupe (troupeau) ne fut partisan (prit la parole en faveur) d'échanger la plantureuse (riche en circonférence) fiancée du chef contre tant de marchandises précieuses.
5 Da 'reiste den 'kraftige Ulf 'Ragnarssøn seg og 'diktet: (3)(4) Alors le puissant (costaud) Ulf Ragnarsson se leva et déclama (composa des vers) :
6 “Svak mann med mjød og sild Forbryteren belønner! (5)
Ravnenes blodige måltid (6)
Sverd og ild forbereder!”
"Faible est celui à qui l'offense
Arrache hydromel et hareng !
Nous donnerons pour récompense
Aux corbeaux, un repas sanglant !"
(L'homme faible par l'hydromel et le hareng
récompense le criminel !
Le repas sanglant des corbeaux,
l'épée et le feu [le] prépareront !),
7 Jeg, 'Einar 'Olavsson, ble 'utpekt til å 'lede toktet mot 'Ytre 'Havvik,
og ved 'solnedgang 'angrep vi. (7)(8)
Moi, Einar Olavsson, [je] fus désigné pour diriger l'expédition contre Ytre Havvik,
et au coucher du soleil, nous attaquâmes.
8 Nesten 'alle menn på 'begge sider ble 'drept med 'spyd og 'øks. Presque tous les hommes des deux côtés furent tués par la lance et la hache.
9 Til slutt var det 'bare 'Grym den 'harde og jeg igjen... Finalement, ne restèrent plus [en lice] que Grym le dur et moi.
10 Etter 'to timers kamp 'løftet jeg 'endelig det 'tunge 'sverdet 'over 'hodet hans... Au bout de (après) deux heures de combat,
je levai enfin [ma] (la) lourde épée au-dessus de sa tête...
11 Da kom 'Bente, ropte “til 'bords!” og 'slo av PCen. À ce moment, Bente est venue, elle a crié "à table !" et elle a éteint le PC.
12 En fiende
- et forslag, flere forslag.
Un ennemi
- une proposition, des ...

  ØVELSER EXERCICE
1 Han krever alltid for mye. Il réclame (exige) toujours trop.
2 Fikk du byttet den nye skjorten som var for liten? As-tu réussi à échanger ta nouvelle chemise qui était trop petite ?
3 De så drømmende på solnedgangen. Ils regardaient le coucher de soleil en rêvant.
4 Ikke pek på folk! Ne montre pas les gens du doigt ! 
5 Barna samlet seg rundt juletreet. Les enfants se sont rassemblés autour du sapin de Noël.
6 Da jeg kom inn, reiste han seg. Quand je suis entré, il s'est levé.
7 Han grep hånden hennes og gråt. Il lui saisit la main et pleura.
8 Velkommen til bords! Bienvenue à notre table !
9 Møtet ble ledet av finansministeren. La réunion était dirigée par le ministre des finances.
10 Jeg dikter for å fa tiden til å gå. J'écris pour (faire) passer le temps.
11 Læreren utpekte elevene som skulle reise til Lillehammer. Le professeur a désigné les élèves qui devaient partir en voyage à Lillehammer.
12 Skal du ha skinke eller spekesild? Veux-tu du jambon ou des harengs saurs ?

1 Å bortføre vient de å føre = conduire, mener.
2 Tuntre(et) désigne l'arbre majestueux, chêne ou frêne, qui orne traditionnellement les cours de fermes (et tun -"ensemble des bâtiments d'une ferme", est apparenté à l'anglais "town").
Selon la coutume, il protégerait la ferme du mauvais sort - un symbole dont on ne saurait dédaigner aujourd'hui la résonance écologiste !
3 Ne confondez pas å stå opp (= se lever le matin, sortir du lit) et å reise seg (= se lever de son siège).
4 C'est sous le coup de l'émotion qu'Ulf Ragnarsson -comme il est d'usage dans ces récits médiévaux en prose que sont les sagas - se met spontanément à composer des vers... Vous avez donc affaire, toutes proportions gardées, à une modeste évocation de ce que l'on nomme "poésie scaldique" (skaldediktning) !
Précisons que cette poésie-là était basée non sur la rime, mais sur l'allitération et le rythme.
Skald(en) était, à l'époque viking, le barde attaché au service d'un chef (høvding) ;
å dikte est aujourd'hui le verbe consacré pour écrire, faire de la poésie - ou, au sens figuré, laisser aller son imagination, fabuler : en berømt dikter = un écrivain célèbre ; nå dikter du igjen! = te voilà encore en train de fabuler ! ; un poème se dit et dikt.
5 En forbryter = un criminel ; en forbrytelse = un crime.
6 Blodig vient de blod(et) - le sang. L'adjectif peut aussi avoir une valeur d'hyperbole ;
vi betalte en blodig pris - on a payé les yeux de la tête (un prix sanglant).
7 Å peke = montrer du doigt.
On nomme pekefinger le doigt qui sert à montrer, c'est-à-dire l'index.
D'où
å utpeke (= désigner), dans lequel on retrouve en outre la même particule ut qui entre dans å velge ut (- sélectionner).
8 Le contraire de solnedgang (= coucher de soleil) est soloppgang (lever de soleil), ces deux substantifs dérivant logiquement des expressions :
solen går opp/ned = le soleil se lève / se couche.
   
  Cette leçon n'a pour vocation qu'un très relatif dépaysement historique. Quant aux mots nouveaux qu'elle contient, rassurez-vous : il s'agit là de transpositions en langage moderne. Gardez-vous cependant de nommer "høvding" le patron norvégien qui vient de vous embaucher, émerveillé par votre don pour les langues : restez-en à sjef(en), comme à la leçon 19. Le vocabulaire guerrier vous permettra d'entrer la tête haute - avec en mains un prospectus en norvégien - au musée viking de Bygdøy, à Oslo, où se trouvent exposés les fameux Osebergskipet et Gokstadskipet, perles des drakkars. N'oublions pas, cependant, qu'il faut se rendre jusqu'en Islande pour entendre l'idiome commun à tous les Vikings, ou du moins la langue qui en dérive le plus directement. Des sonorités et des rigueurs grammaticales disparues, pour votre plus grand bien, du norvégien d'aujourd'hui, s'y sont maintenues intactes, protégées par l'insularité.
Revenons aux réalités présentes, avec un peu de culture gastronomique, les mots hvete(n) (= le froment) et rug(en) (= le seigle) sont utiles pour éviter de perdre son latin sur les rayonnages des commerces. La farine blanche "ordinaire" est désignée par hvetemel (= farine de froment). Le pain, aliment essentiel au petit déjeuner comme aux diverses collations que l'on s'offre en cours de journée, n 'est jamais servi en accompagnement d'un repas chaud. Si l'on n 'est pas de ceux qui pétrissent par goût, conviction ou nécessité, on achète le pain pour plusieurs jours à l'avance, une ou deux fois par semaine. De plus, le pain blanc loff(en), passe pour une denrée apparentée aux sucreries, dont il serait décadent de vouloir faire son "pain quotidien". On lui préfère, entre autres spécialités boulangères, le kneipp(en), pain complet, le rugbrød(et), pain de seigle, ou le helkornbrød(et), contenant des grains de blé entiers (korn(et) grain, blé, céréale). Un mot aussi sur le hareng (= silden) : après avoir été considéré comme une nourriture de pauvres, il réapparaît sur les tables, noblesse du retour aux sources oblige. Vous le trouverez en particulier au petit déjeuner, sous forme de spekesild (= hareng saur), le verbe å speke s'appliquant à divers modes de conservation de la viande ou du poisson par salaison, séchage ou fumage... Dépaysement gustatif garanti. L'internationalisation gastronomique aidant, le hareng s'accommode aussi désormais (et peut-être même surtout) de sauces exotiques comme la moutarde ou la tomate.
  p179