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LEIÇON 10

 
  Desena leiçon (10)  
  Un ostal roergàs UNE MAISON ROUERGATE
     
1 Coma es lo primièr còp que venètz dins nòstre novèl ostal del Roèrgue, lo vos fau visitar (1). Comme c'est la première fois que vous venez dans notre nouvelle maison du Rouergue, je vous la fais visiter.
2 O podètz veire, es bastit en pèiras, las muralhas e las parets son espessas. Aital, es pas freg en ivèrn e pas caud en estiu (2). Vous pouvez le voir, elle est bâtie en pierres, ses (les) murs et ses (les) cloisons sont épais. Ainsi, elle n'est pas froide en hiver et pas chaude en été.
3 Las fenèstras son mai nautas que largas e sus la teulada a doás aigas i a pas de canjagut; seriá contrari a l’estil del païs (3). Ses (Les) fenêtres sont plus hautes que larges et sur le toit à deux pentes (deux eaux), il n'y a pas de chien-couché ; ce serait contraire au style du pays.
4 La teulada es capelada amb de lausas : son de pèiras planièras, pas talhadas, en chistre roge o en calquièr segon çò que se tròba dins la region. Le toit est couvert avec des «lauses» : ce sont des pierres plates non taillées, en schiste rouge ou en calcaire selon ce que l'on trouve dans la région.
5 Dins lo nòrd del Roèrgue son grisas, sovent en calquièr, al luòc qual miègjorn de Sant-Africa son en chistre roge (4). Dans le nord du Rouergue elles sont grises, souvent en calcaire, alors qu'au (au lieu qu'au) nord de Saint-Affrique elles sont en schiste rouge.
6 Son pas claveladas mas solament pausadas ; es una tecnica plan estudiada per que lisen pas. I a de teuladas qu’an mai d’un sègle e que son totjorn en bon estat (5). Elles ne sont pas pointées mais seulement posées ; c'est une technique très étudiée, afin qu'elles ne glissent pas. Certains (il y a des) toits ont plusieurs (plus d'un) siècles et (qui) sont toujours en bon état.
7 Las lausas èran pauc a pauc remplaçadas per de teules, que son de melhor pausar, mas dempuèi qualques annadas, un fum de monde an comprés que los ostals devián pas perdre l’estil roergàs e tornan emplegar las lausas, que son de mal pausar (6). Les «lauses» étaient peu à peu remplacées par des tuiles qui sont plus faciles à poser (de meilleur poser), mais depuis quelques années, beaucoup de gens ont compris que les maisons ne devaient pas perdre leur style rouergat et réemploient les «buses» qui sont difficiles à (de mal) poser.
8 Ara, los Monuments Istorics restauran las teuladas de la region amb de lausas. Maintenant, les Monuments Historiques restaurent les toitures de la région avec des «lauses»,
9 Guston, auràs l’ocasion de veire d'autras teuladas en lausas, poiràs far de polidas fotòs (7). «Gustou», tu auras l'occasion de voir d'autres toits en «lauses», tu pourras faire de jolies photos.

Exercice en provençàl. EXERCICE
- 1 Es polit mon ostau, es cl’estile provençau, perqué vòli que lo païs sigue bèu.
- 2 Lei muralhas son de pèira, sa teulissa es de teule.
- 3 Fau pas que lei fenèstras sigan mai lareas que autas, seriá pas l’estile dau païs.
- 4 Pausar de teules, es pas de bòn faire, que li fai anar d’aise.
- 5 De cubèrts de lausas, n’i a fòrça dins Avairon.
- 6 I a de teules que son pas de bon pausar.
— 1 Elle est jolie ma maison, elle est de style provençal parce que je veux que mon (le) pays soit beau.
— 2 Ses (les)murs sont en pierre, son toit est en tuile.
— 3. Il ne faut pas que ses (les) fenêtres soient plus larges que hautes, ce ne serait pas le style du pays.
— 4. Poser des tuiles est très difficile (pas de bon poser), il faut faire attention.
— 5. Des toitures en «lauses», il y en a beaucoup dans l'Aveyrorr.
— 6. Il y a des tuiles qui ne sont pas faciles à poser, (pas de bon poser).

Yar. prov. : — 1. Ostau, var. de ostal ; provençau var. de provençal; sigue, var. de siá
- 2
. lei, var. de las
- 3. sigan, var. de sián ; dau, var. de del
- 4. bòn, var. de bon.


NOTES

(1) Le mot ostal est masc. alors que le mot français maison est fém. ; var. ostau. Syn. maison (Gasc. notamment). Le mot casa «maison», autrefois très employé est plus rare de nos jours, mais il reste fréquent dans les noms de lieux.
Vous avez certainement remarqué que certains -a- avaient soit un accent grave : roergàs, soit un accent aigu : séria. Ce sont des accents indiquant la prononciation.

Voilà les règles de cette accentuation :
1) Les mots terminés par une voyelle ou une voyelle suivie d'un -s ont l'accent tonique placé sur l'avant-dernière syllabe :
taula, taulas «table, tables», prene / prendre «prendre». cadièra, cadièras «chaise, chaises», cantas «tu chantes».

2) Tous les autres mots sont régulièrement accentués sur la dernière syllabe. Voici quelques exemples :
a) Verbes : inf. (cantar) ; part, présent (cantant), part, passé (cantat) ; 4ème et 5ème pers. cantani et cantatz.
b) Mots autres que les verbes : vesin «voisin»; polit «joli» ; ostal «maison» ; primièr «premier» ; fenolh «fenouil».

Les mots faisant exception à ces deux règles présentent donc une difficulté d'accentuation, qui est résolue par un accent placé sur la voyelle accentuée.
a) Verbes : principalement au futur et au conditionnel : cantar
à / cantará «il chantera» ; cantariái, cantariás, cantariá «je chanterais, tu chanterais, il chanterait».
Vous remarquez que l'on accentue cantarà ou cantarâ. En effet selon les régions, on prononce soit kantara, soit kantaro. L'accent grave sur le -a- marque la pron. -a, l'accent aigu marque la pron. -o-.
b) Les mots terminés par -i ou -is accentués sur le -i : cossí «comment» ; finis «il finit».
c) Autres mots : les mots terminés par un -s donc par -às, -és, -ós ou -ús accentués sur la finale : roergàs «rouergat», borgés «(de borg) bourgeois», rocalhós «rocailleux», palus «marais».
L'usage traditionnel est d'écrire cantan sans accent et cantaràn avec accent. Cet usage étant une exception à la règle générale, il est de plus en plus remplacé par l'usage inverse : cantan (pron. kanton) et cantaran (pron. kantaran).
En général, peu d'Occitans sont à l'aise dans ces problèmes d'accentuation tonique, même s'ils connaissent bien et pratiquent régulièrement leur langue. Ainsi, ne vous tourmentez pas pour ces problèmes. Tenez-vous en aux règles principales, autant que possible, mais ne passez pas des heures sur ce petit problème secondaire. Certains sont même partisans de supprimer ces accents toniques qu'ils jugent superflus, inutiles ou compliqués. Le français et bien d'autres langues n'en ont pas et vivent quand même. L'usage décidera, pour l'occitan, du maintien ou de la suppression de ces accents toniques. La langue des Troubadours, dont la graphie normalisée occitane est inspirée, n'était pas accentuée toniquement. Toutefois, si c'est un peu astreignant pour l'écriture, c'est commode pour la lecture.

(2) Lo pronom masc. «le», est différent de -o- / -zo «le (cela)» pronom neutre.
O / zo te dirai «je te le dirai (cela)». Lo te mòstri «je te le montre (personne)». Toutefois, certains Occitans mélangent les deux.

(3) En occitan, le comparatif de supériorité ne pose aucun problème ; pour le premier terme, on a le choix entre mai, pus et plus, pour le second, on emploie que, comme en français.
Teulada a (ou de) doás aigas (deux eaux) ; syn, ... a doás arrapengas (de arrapar «grimper, agripper») (Rg.).
Larg(a) «large» ; var. francisée large(-ja).
Can, var. canh.
Éstil ou estile «style».

(4) Luòc, var. lòc.
Chistre var. chiste. On dit aussi blesta ou pèira blesta.
-ge, comme dans roge se prononce -dgé (ou -tché, Rg., Bit.).
Miègjorn est prononcé myèdjour (ou myètchour, Rg. Bit.).

(5) Lisar «glisser», syn. liscar, limpar.
An «ils ont» se prononce an ; var. áun (pron. òou), écrite aussi an.

(6) La répétition, en ce qui concerne les verbes, est généralement exprimée en français par le préfixe re-, ré- : reécrire, refaire etc. L'occitan utilise à cet effet le verbe tornar, qui joue le rôle du préfixe re-, ré-. Toutefois, c'est lui que l'on conjugue, alors que le verbe indiquant l'action reste à l'infinitif : «je le refais» se traduit donc par o torni far ; «je l'ai revu», l'ai tornat veire ; «je le reécrirai», o tornarai escriure.

Teule «tuile». La var. fém. teula signifie «tuile» mais aussi «carreau de terre cuite, dalle, ardoise, brique à bâtir». Le fém. est aug. par rapport au masc. un sac «un sac», una saca «un grand sac» (une «sache» en fr. du «Midi»),

Notez l'expression très occitane es de melhor (pausar, far, traucar) «c'est plus facile à poser, faire, trouer». Es de mal (ou missant) far/faire «c'est difficile à faire,» ; es de bon far «c'est facile à (de bon) faire». On entend d'ailleurs en français du Midi : c'est de bon faire. Roergàs, var. roergat. Tornan, var. tòrnan.

(7) Far, var. de faire, très fréquente : vòli far aquò «je veux faire cela (le faire)».